Donald Trump cherche à redorer son blason et a eu une inspiration « tweet », celle de dire un petit bonjour à « my friend Kim Jong Un » à la ligne de démarcation entre les deux Corées. Chose faite. Le président américain a même foulé le territoire du Nord de la péninsule, ce qu’aucun de ses prédécesseurs avait fait. De quoi alimenter la presse avide d’images chocs. Le tout accompagné de déclarations dithyrambiques qui ne nous mènent pas plus loin. L’accord au sujet du nucléaire piétine toujours. Les sanctions économiques ne sont toujours pas levées, mais elle pourraient, à en croire Donald Trump, être suspendues. Harry J. Kazianis, spécialiste de la République populaire démocratique de Corée au Center for the National Interest à Washington pense : « Une telle formulation donnerait à la Corée du Nord l’incitation économique dont elle a besoin pour ranimer son économie, tout en donnant à Donald Trump une grande victoire diplomatique au moment où les tensions montent dans le monde entier, que ce soit avec les alliés ou avec les ennemis des États-Unis » Il est évident que la Maison Blanche doit désamorcer d’une certaine manière le conflit entre la Chine et les USA en ce qui concerne les taxes douanières. Mais comment revenir à la normale sans pour autant perdre la face ? En glanant des points dans la région. Il est dans l’intérêt du Président de renforcer la concurrence économique entre l’Empire du Milieu et ses voisins, que ce soient le Japon ou la Corée du Sud. S’il y avait une coopération avec le Nord, cela créerait une nouvelle dynamique. Xi le sait et ne peut pas torpiller ce qui se dessine à l’horizon. N’oublions pas qu’il est encore aujourd’hui le principal allié de Pyongyang. Sans son soutien le régime se serait écroulé depuis belle lurette.
Donald Trump se doit de fouler une platebande, dont l’accès lui était jusqu’alors fermé, pour prouver à la Chine qu’il faut qu’elle compte sur lui à l’avenir, qu’il suivra sa stratégie, quoiqu’il arrive. Il part du principe que seuls des considérations commerciales pourront forcer Pékin à changer de cap, en ce qui concerne l’agressivité de sa politique expansionniste dans ce domaine. Il s’agit avant tout de business, bien moins de dénucléarisation de la région. Il est évident que la guerre commerciale entre les deux nations, fait mal. Qu’elle pourrait provoquer un effondrement économique au niveau mondial et cela personne le veut, ni Trump, ni Xi. Mais malgré les plaies, il serait naïf de croire que Xi fera des concessions sans de nouvelles perspectives économiques entre la Chine et les USA. C’est dans ce cadre que je vois la rencontre de hier. Le pari est très élevé, car Washington a besoin d’un succès le plus rapidement possible. Kim Jong Un le sait, de quoi faire mijoter le Président à sa guise, de lui imposer en fin de compte une politique, dont il pourrait être le perdant. Trump joue une fois de plus gros, car il ne peut pas se permettre d’avoir un revers en ce qui concerne Pékin. Comme on le sait les négociations avec Pyongyang piétinent. Le dictateur nord-coréen sait parfaitement que le temps joue pour lui. Les USA ne partent pas en position de force, d’autant plus que l’allégeance des pays du Sud-Est Asiatique ne lui est pas garantie d’avance, loin s’en faut. Pour preuve l’accord commercial entre l’UE et le Japon.
pm