Lorsque le texte de loi adopté le 15 mai par le parlement autrichien, dominé par la droite et l’extrême-droite, interdit aux filles musulmanes de porter le voile islamique à l’école primaire, en arguant que tous symboles religieux doivent disparaître pour que toutes tentatives de prosélytisme soient écartées chez les enfants, il y aurait de quoi réfléchir. Mais cet argument s’effondre, car il n’est pas question d’interdire le port de la kippa. Si on veut avoir une école laïque il faut que toutes les religions soient concernées. Si les Autrichiens interdisaient dans ce contexte aussi la croix, ce serait conséquent. L’organisation des Musulmans autrichiens IGGÖ a déclaré que la nouvelle loi « discrimine exclusivement le foulard islamique » et « porte atteinte à plusieurs droits fondamentaux ». Le qualifiant d’incitation à « la ségrégation et à la discrimination à l’égard des filles musulmanes ». Une vérité que nie ni le Chancelier Sebastian Kurz, ni le FPÖ, qui disent vouloir viser l’Islam, ce qui est une méthodes des plus contestables, érodant ainsi la liberté de religion. Pour que ce soit soit clair, voici mon point-de-vue. Comme partisan de la laïcité, je n’ai pas d’objections si toutes les religions étaient concernées sans exception, pour faire des endroits publics, des endroits neutres, où toutes tensions spirituelles doivent être bannies. Mais d’en faire un instrument de répression, comme les sympathisants de l’extrême-droite l’ont imposé en Autriche, est à mes yeux nauséabond. Comme croyant je préconise que c’est à l’enfant, dès qu’il est en mesure de prendre une décision, de choisir sa religion.
Je m’oppose à tout bourrage de crâne de la part de la famille, que je considère comme une atteinte aux droits fondamentaux de l’Europe. C’est la raison pour laquelle je ne verrais pas d’un mauvais œil que la première communion par exemple, ne puisse être faite qu’avec l’assentiment de l’enfant. Non, cela n’est pas utopique. Dans une famille que je connais il a été procédé ainsi. Les deux fils, qui étaient par leur mère originaire des Indes, ont décidé de leur propre chef, lorsqu’ils avaient, pour l’un 12 ans, pour l’autre 14, d’entrer à l’Église catholique. Mon petit-fils pourra lui-aussi prendre une telle décision, s’il en ressent le besoin. Dans le cadre de la décision autrichienne, qui trouve beaucoup d’adeptes en Allemagne, la question du sport est évoquée. De vouloir écarter les filles des cours de natation ne correspond pas à nos critères d’égalité. Cela crée du rejet. D’accord, mais la méthode musclée est-elle un bon moyen d’arriver à une société plus équitable ? Je ne le pense pas. La déléguée à l’intégration du gouvernement allemand, Annette Widmann-Mauz, déclare dans le quotidien « Bild » de ce vendredi: « Il est absurde que les petites filles portent le voile, la plupart des musulmans sont aussi de cet avis.Toutes les mesures qui protègent les filles d’une telle chose – qu’il s’agisse d’en parler avec les parents jusqu’à l’interdiction – devraient être examinées et abordées. » Marcus Weinberg, un élu conservateur, lui répond : « L’interdiction générale du port du voile, comme en Autriche, handicape aussi les filles qui se sont décidées à porter volontairement un voile comme signe de leur religion ». Il en serait de même pour les chrétiens, avec la croix, et les juifs avec la kippa.
pm