Poutine est-il un fasciste ? Vous êtes-vous posés la question ? Je ne le prétendrais pas, mais c’est un redoutable joueur d’échec. Depuis l’annexion de la Crimée et son soutien aux séparatistes du Donbass, ainsi que les sanctions de l’UE qui s’en suivirent, il est de son intérêt de tout faire pour nous incommoder. C’est de bonne guerre. Il sait parfaitement que notre talon d’Achille est la montée de l’extrême-droite. Son but est de déstabiliser nos démocraties. Il lui suffit de rencontrer Matteo Salvini ou Marine Le Pen, pour que nous nous sentions mal à l’aise. Il a fait en sorte qu’une banque russe accorde des crédits avantageux aux chantres du totalitarisme. Cela permet à Vladimir Poutine, sans se mouiller trop, de maintenir à petite flamme notre malaise. Le but déclaré est que l’UE revienne à la case de départ et qu’elle ne sanctionne plus la Russie. Le dommage qui a été causé à l’économie est considérable. Le cours du rouble a plongé, les relations commerciales se sont fortement atténuées. Mais de part et d’autre on essaie de contourner l’embargo. Hier Daimler-Benz a inauguré en présence du président et de Peter Altmaier, le ministre de l’économie allemand, une fabrique non loin de Moscou, où des voitures hautes-gammes devront être fabriquées, 25 000 par ans. Mille place de travail ont été ainsi crées. D’ici peu Opel essaiera aussi de conquérir le marché russe. Cela a été rendu possible car l’industrie automobile n’est pas concernée par le boycott. Nous serons bien obligés de revoir notre copie en ce qui concerne Vladimir Poutine.
Tout en continuant à condamner sa politique hégémonique, nous devrons nous poser la question, si notre attitude nous apporte quelque chose ? Je ne crois pas. Étant donné que nous pourrons pas le forcer à démissionner – il est très populaire dans son pays – je pense qu’il serait plus propice de l’impliquer dans nos affaires, de le lier à notre destin. À mon avis ce serait le meilleur moyen de le neutraliser un tant soit peu. Il est dans le plus grand intérêt de la Russie de coopérer avec l’UE afin d’améliorer la situation sociale du pays. Mais il n’y a pas que cela. Les dirigeants à Moscou sont bien conscients de ce que la route de la soie du patron de la Chine peut représenter. Xi ne leur fera pas cadeaux et cherchera à conquérir de nouveaux marchés. Mais c’est avant tout les matières premières qui peuvent attiser sa volonté de forcer la Russie à coopérer. Vu les sanctions et le bas prix du brut, Poutine a des problèmes de trésorerie. La Chine cherche évidemment de profiter de la crise et n’a pas de complexes d’acculer ce grand pays dans un cul-de-sac. Dans de telles conditions il est clair que pour le résidant du Kremlin tous les moyens sont bons pour se libérer de telles contraintes. Le soutien qu’il accorde aux populistes pour affaiblir les démocraties occidentales rentrent dans ce schéma. Pour l’instant il est dans son intérêt de les hisser au pouvoir en leur accordant une aide logistique. Vladimir Poutine ne changera pas d’attitude tant que les sanctions perdureront. Je pense, comme vous pouvez vous en douter, qu’il serait temps de négocier un deal, qui consisterait à jouer la carte de la coopération. Une condition serait que Moscou retire son appui à l’extrême-droite européenne. Autrement il pourrait y avoir feu dans la maison.
pm