Yannis avait quatre ans lorsqu’il a été tué le 14 juillet 2016 lors de l’attentat de la Promenade des Anglais à Nice. Ses parents ont constaté il y a quelques jours que la dépouille mortelle de leur fils avait été profanée, qu’il lui manquait des organes. « Ils ont été conservés afin de se prémunir d’une action en justice sur les soins prodigués par le personnel hospitalier » a déclaré Jean-Michel Prêtre, le procureur de Nice. Mickaël Coviaux, le père, a déposé plainte. « Apprendre ça en catimini, trois ans après, ça me rend fou… Et ils auraient même pu les détruire sans qu’on le sache jamais ! » Pourtant les causes de sa mort sont claires et n’auraient pas dû amener les médecins légistes d’agir de la sorte. Sophie, la mère d’une autre fille tuée au cours de l’attentat commis par Lahouaiej Bouhlel, un chauffeur-livreur tunisien de 31 ans, a déclaré au Figaro : « Ma fille a été assassinée deux fois, d’abord par un malade mental avec son camion et ensuite par la médecine légale ». Elle ne comprend pas, comme moi au demeurant, la raison pour laquelle il y a eu ablation du cœur, du foie, des reins et du cerveau. Si cela avait été fait pour les vendre comme dons d’organes, ils auraient dû être utilisés séance-tenante. Mais j’ai malgré tout un arrière-goût amer quand j’ai lu ce qui s’était passé. D’autant plus que le débat à ce sujet est des plus controversé. Il y a eu trop d’abus à ce sujet pendant des années. Lorsqu’on apprend qu’en Espagne il possible de prélever des organes sans avoir fait préalablement la demande aux proches, tout est possible. De même en Chine, où le taux des condamnations à mort est un des plus élevé au monde. Sur les lieux d’exécution des chirurgiens se précipitent sur les cadavres pour s’emparer des « pièces détachées » qui seront mises en vente. Un business immonde.
En ce qui concerne Nice, cela n’a pas été le cas, mais le malaise ne pourra pas être dissipé pour autant. En Allemagne a lieu actuellement un débat au Bundestag afin de changer la loi en ce qui concerne les dons d’organes. L’État aimerait partir du principe que tout le monde devrait être d’accord de faire de telles donations. Mais ceux qui s’y opposent devraient le faire savoir officiellement avant que mort s’en suive. Si il n’y avait pas de document, ce seraient aux proches de dire ce qu’il en est. Ce projet de loi est contesté par beaucoup de députés, car il n’exclut pas des abus. Je partage cet avis et pour ma part je ne donnerais qu’un feu vert, s’il était sûr qu’il soit mis un terme à ce trafic immonde. Je ne peux pas concevoir, que ce ne soient que les riches qui puissent être ainsi sauvés, que ceux qui n’ont pas les moyens nécessaires passent à la trappe. Cela ne m’étonnerait pas qu’à Nice on ne retrouve pas certains organes. Dans ce cas-là n’auraient-ils pas été vendus ? Je salue que la justice ait été impliquée dans cette sordide affaire. Il lui faudra trouver des arguments plus convaincants afin d’expliquer les vraies raisons de cette manière de faire. Qu’il y ait un débat national à ce sujet est une bonne chose. Comme je l’ai déjà évoqué à plusieurs reprises, la mort cérébrale est souvent remise en question. Aussi le fait que la prise d’organes se déroule sans souffrances de la part des victimes. Il n’est pas étonnant que dans de telles conditions la suspicion soit grande, comme elle l’est chez moi d’ailleurs.
pm