Tout ce qu’a dit Emmanuel Macron hier dans son discours sur l’avenir énergétique de la France était sensé, logique même. Les mesures qui devront être prises ont été clairement évoquées, mais ce qui manquait cruellement c’était une approche humaine, dans la forme, des problèmes que beaucoup de citoyens vivent aujourd’hui. Il a certes dit qu’il ressentait l’injustice que bien des personnes vivaient, qu’il fallait absolument y remédier, mais ceci d’une manière pragmatique. Sans aucun doute le Président est très versé dans bien des domaines. Il y a une vue analytique que peu de chefs d’État ont, ce que j’apprécie chez lui. Aussi la manière de vaincre les obstacles part dans le bon sens. Mais il est difficile de faire d’un technocrate – loin de moi d’y voir qu’un aspect négatif – un être capable de prendre dans ses bras des malheureux et d’essayer de leur apporter un certain réconfort. Il n’appartient pas à cette catégorie de personnes, bien que je sois certain qu’il ressent bien leur situation, qu’il y soit sensible, contrairement à ce que prétendent ses détracteurs. Il a du mal à sortir de sa retenue. Probablement par timidité comme je l’ai déjà évoqué. C’est là que le bât-blesse. Vouloir faire un individu qu’il n’est pas, est du domaine de l’impossible. Je suis certain qu’il sera brillant au G20 en Argentine, qu’il fera tout pour préserver les intérêts de la France et de l’UE, que le message apporté par les Gilets jaunes ne le laisse pas indifférent, mais il est évident qu’il se sent plus à l’aise sur le parquet diplomatique que sur le terrain. Serait-il capable d’apporter de l’empathie aux manifestants qui bloquent par désespoir un péage d’autoroute en faisant griller des saucisses ? Non, même s’il le voulait, il y serait déplacé.
Les Français savaient parfaitement bien qui ils ont élus il y a deux ans. Un homme de poigne n’hésitant pas à affronter la situation de front. On ne peut pas tout avoir. Il est indispensable pour le pays, de dire la vérité. Si nous voulons avoir plus de crèches, d’hôpitaux, de meilleures écoles, cela coûte beaucoup d’argent. Où le prendre si les entrées sont moindres à ce qu’en attend ? Il est impossible d’avoir le beurre et l’argent du beurre. C’est ce qu’il a dit. Je vois chez lui quelques parallèles entre lui et Angela Merkel. Bien qu’elle ressente bien ce qui se passe autour d’elle, elle reste très réservée quant à l’expression de ses sentiments. Elle est avant tout une scientifique, pour qui la construction intellectuelle d’un sujet à la priorité. Une exception : l’accueil des réfugiés. De vouloir joindre les impératifs dus à une situation financière plus que tendue et de se montrer, d’autre part généreux, est une équation impossible à résoudre. Je pense que le Président est trop franc pour jouer la comédie. Il ne peut et ne veut pas endosser les habits d’un philanthrope, tout en sachant que tout ce qu’il prétend est mensonge, ceci pour se faire bien voir du peuple. Je le considère comme étant tout à fait honnête. Mais il ne peut pas sortir de sa peau pour se faire aimer. Il n’est pas fait de ce bois. Néanmoins il sera prêt à affronter tous ceux qui revendiquent plus de justice sociale. Mais ne vous attendez pas qu’il fasse des promesses qu’il ne pourra pas tenir. Il dira la vérité, même si elle est à son désavantage.
pm