Près de 282.000 Gilets jaunes étaient présents hier sur 2000 sites répartis dans toute la France. Il y a eu un mort et plus de 200 blessés, dont 6 grièvement. Voilà pour le bilan de ce mouvement multi-politique de personnes issues de la société civile, qu’Emmanuel Macron avait appelé de ses vœux. Des citoyens qui en ont marre qu’on les gouverne sans tenir compte d’eux. J’ai exprimé hier ma grande inquiétude que les événements puissent dégénérer. À part les victimes que je déplore, on peut dire que ce ras-le-bol a été plus ou moins pacifiste. Il n’y a pas eu à ma connaissance de débordements racistes. Il est évident que ce mouvement restera une pierre d’achoppement qu’il sera difficile d’ignorer à l’avenir. Une fois de plus je trouve que le Président a du mal à communiquer ses vues, de les faire comprendre. Comme énarque il a la tendance d’être trop théorique, de cacher ses émotions derrière le masque de sa fonction. C’est sa nature, mais il devra y travailler. Comme spécialiste des médias, je déplore une fois de plus le manque de sensibilité des services de communication de la présidence ou du gouvernement. Le principe des vases-communiquant, c’est à dire d’expliquer que les baisses pratiquées dans d’autres domaines, comme la taxe à l’habitation qui devrait disparaître d’ici peu, pourrait compenser les hausses de la taxe carbone des carburants ou de l’imposition des retraités les mieux nantis. Ce qui est théoriquement juste, ne peut pas être ressenti par le peuple comme une action équitable. Les citoyens savent que le pays est surendetté et que sans une baisse notable des sommes dues aux marchés financiers, il ne peut pas y avoir de relance.

Ce qui fait cruellement défaut c’est la pédagogie. Bien qu’Emmanuel Macron essaie d’expliquer ce qu’il en est, cela ne passe pas. Il a reconnu cela lors de son interview pour TF1 la semaine déroulée. Comment combler le fossé entre le pouvoir et le peuple ? Je crois, comme je l’ai écris à plusieurs reprises, qu’il serait probablement opportun de suivre l’exemple suisse concernant le référendum et le droit d’initiative. Cela revient à dire de mettre aux voix, des mesures telles que la hausse du carburant et du fuel. Jusqu’à présent je pensais que ce serait une entrave à la marche d’un pays, qui demande des décisions rapides ; aujourd’hui je suis d’avis que cela pourrait être adéquat, à condition de limiter les votations contrairement à la Confédération Helvétique, où pour un tout ou rien les électeurs sont appelés aux urnes. Pas étonnant que le taux de participation soit assez modeste, d’autant plus que ce système se répercute aussi sur les cantons et les communes, ce qui crée une inflation ! Qui appelle de ses vœux une part plus importante de la société civile dans nos institutions, a le devoir de donner aux citoyens la possibilité de s’exprimer. Ce serait le devoir de « La République en marche » de se manifester et de ne pas se faire submerger par les Gilets Jaunes. Mais comme on le sait ce parti ne fonctionne pas comme il serait souhaitable. Il devrait prendre certaines distances par rapport au pouvoir, afin d’apporter des correctifs. Sinon Macron restera l’arroseur arrosé, ce qui ne peut pas être dans ses cordes.

pm

https://www.nouvelobs.com/edito/20181116.OBS5554/gilets-jaunes-la-voila-la-societe-civile-voulue-par-macron.html

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