Erreur Monsieur le Président, lorsque la colère gronde elle prend d’assaut la rue. Ce n’est pas dans les salons mordorés que l’ouvrier ou l’employé feront leurs revendications. Comme une personne connaissant bien l’histoire, il sait bien que c’est un atout de la démocratie que d’exprimer ce qu’on ressent et ceci à toutes heures et tous endroits. Je dois penser à mes différends séjours à Londres, où je me suis rendu au Hyde-Park. J’étais tout particulièrement attiré par le Speakers‘ Corner, où chaque citoyen a le droit de monter sur un cageot afin de s’adresser aux passants. Il y est aussi question de politique. C’est le principe même, du droit à la parole. Emmanuel Macron a beau dire qu’il a tout expliqué au cours de la campagne électorale et qu’il a été élu en bonne connaissance des choses, il doit continuer à convaincre, tout en sachant que la mémoire des gens est très volatile. Il faut répondre constamment « Présent », ce qui pour un dignitaire de la République est un devoir afin d’écarter tous malentendus. Mais il y a un pas que le président ne franchira pas, tout au moins je l’espère, c’est de se laisser influencer par la pression de la rue. Il faut se dire que la plupart des options qu’on choisit au cour d’une vie ne peuvent pas se faire sans critiques. Pour moi j’irais jusqu’à penser que la controverse est un bien pour un chef d’État à la recherche d’un dialogue. Même s’il peut paraître violent, c’est une prise de température nécessaire, même si le score de tels ou tels sondage peut faire mal. Plonger la tête, comme l’autruche dans le sable au moindre danger, n’est pas la bonne marche à suivre. Marie-Antoinette ne pouvait pas s’imaginer dans sa petite ferme du parc du palais royal de Versailles, que les paysans vivaient dans des conditions déplorable à deux pas de là, que la disette les prenait en tenaille. Pas non plus des morts prématurés provoquées par la disette. Elle se prélassait auprès de ses moutons et ne semblait pas entendre les cris de désespoir du peuple. Comme dans les portraits peints par Jean-Honoré Fragonard, où on y voit une jeune femme insouciante qui paraît être au-delà de la cruauté de ce monde.

Tout responsable a le devoir de jeter des regards autour de lui et ne pas être aveuglé par sa fonction. Lorsque Erich Honecker, le secrétaire général du parti communiste de la RDA rentrait du centre de Berlin à sa villa sise en périphérie de la capitale, il passait par des rues, où les immeubles avaient l’air d’être en bon état. Il ne se rendait pas compte qu’on avait repeint les façades jusqu’au deuxième étage, afin de donner à Honecker l’impression que tout se déroulait correctement dans « son royaume ». Ces exemples démontrent que tous politiciens doivent être confrontés à la réalité et à la rue qui en est une. Le président ferait mieux de réfléchir comment répondre aux harangues des opposants. Même s’il a été élu avec une forte majorité, son devoir est de ne pas ignorer le désarroi d’une partie de la population. Je pense que c’est ce qu’il fera, tout en ne revenant pas en arrière. Rien de l’empêche de faire des correctifs s’ils sont nécessaires. C’est une bonne période pour redéfinir le dialogue social. Je souhaiterais qu’il mette en place les outils nécessaires pour inciter les citoyens à parler, à ne pas rester sourds aux revendications des autres, le tout en veillant bien de ne pas attiser la haine.

pm

http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/09/20/macron-sur-cnn-la-democratie-ce-n-est-pas-la-rue_5188532_823448.html

Pierre Mathias

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