La discussion autour de la prévention antiterroriste est un mauvais procès. Il est illusoire de croire qu’avec un État policier il sera possible de combattre le fanatisme islamiste, n’en déplaise à Marine Le Pen. La Russie, où la police et les services de renseignements sont omniprésents, n’a pas pu contrecarrer l’attentat de Saint-Pétersbourg. Comme Emmanuel Macron l’a dit, le risque zéro est une utopie. Nous devons malheureusement compter avec une multiplication de tels méfaits. Ce qui est perfide dans tout cela, c’est le fait que chaque individu est en mesure de prendre une arme et de passer à l’action sans qu’il soit nécessaire d’avoir une grande infrastructure. Tout ce déroulera encore plus individuellement, ce qui ne présage rien de bon pour l’avenir. Je veux prendre pour exemple les attaques perpétrées avec des camions. Cela est des plus efficaces et démontre notre totale impuissance. Nous ne pouvons pas interdire les poids-lourds, ou bien ? Chacun d’entre-nous, à condition de savoir les manœuvrer, peut se transformer en un terroriste sans qu’il y ait des doutes. Je pense néanmoins que le fait de renforcer les moyens de sécurité est une bonne option. Jusqu’à présent la plupart des criminels provenaient d’un milieu proche de l’islam. Mais il n’y a pas de raisons que cela dure. Il est évident que les communautés doivent être observées et qu’à la moindre alerte fondamentaliste, l’État prenne les mesures nécessaires. Mais là aussi il sera très difficile d’être vraiment efficace. L’augmentation des effectifs des policiers ne pourra pas être une assurance-vie, mais elle pourra atténuer certains pics de violence. Dans les circonstances actuelles je ne vois malheureusement pas de solutions miracles. Je suis sûr que les forces de l’ordre font leur maximum pour enrayer un temps soit peu les menaces, mais elles démontrent assez bien à quel point elles sont vulnérables.

Je me rallie néanmoins à une critique qui a été énoncée pendant la campagne électorale, celle du démantèlement de la police de proximité effectué par Nicolas Sarkozy. Il est indispensable pour le renseignement de savoir ce qui se passe dans les banlieues, de pouvoir intercepter certaines personnes avant que le malheur se produit. Mais la répression ne suffit pas. Un concept sécuritaire ne peut qu’avoir un certain succès, que si il inclut l’aspect social, l’éducation et la formation des jeunes. Sans une école efficace, juste dans ses options, rien de pourra être fait. La réduction du nombre des élèves dans les classes des cités chaudes, est un pas dans la bonne direction. La France doit tout faire pour réduire les inégalités. Ce n’est pas en imposant que des interdits, comme le préconise le FN, qu’il sera possible d’éradiquer le terrorisme. Il s’agirait de se pencher plus sur ses causes et effectuer les corrections nécessaires. Mais une fois encore, personne ne pourra extirper ce phénomène si douloureux soit-il. Je suis certain que sur les Champs-Élysées la présence policière était assez grande jeudi soir, mais cela n’a pas servi à grand chose. L’EI veut transformer l’occident en forteresses, où il ne fait plus bon vivre. Nous devons refuser d’entrer dans leur logique. Il en va de notre système démocratique. .

pm

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/04/21/antiterrorisme-que-proposent-les-candidats-a-l-election-presidentielle_5115342_4355770.html

Pierre Mathias

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