Lorsqu’un candidat à la présidence comme François Fillon déclare être catholique et pratiquant, il est tout à fait légitime de placer son attitude morale sous une loupe. Dans ce cas bien précis, je dois dire que je suis un peu déconcerté. Jusqu’à présent il n’a pas fait de déclaration au sujet d’Alep. N’aurait-il pas dû exprimer son horreur, condamner l’attitude des troupes d’el Assad, de l’aviation russe et des milices iraniennes ? Va-t-il continuer à se taire ? Où serait-il de l’avis d’un de ses proches collaborateurs que la deuxième ville a été libérée ? C’est un avis qui coure actuellement aussi sur internet. Je ressens le besoin de m’exprimer à ce sujet. Il est évident que la rébellion qui a eu la mainmise sur une partie de la ville n’était pas seulement composée d’enfants de chœur. Sûrement plusieurs tendances étaient représentées, parmi elles aussi des fondamentalistes. Les services secrets savaient parfaitement qu’il y avait aussi des dizaines de milliers de personnes qui se trouvaient là, sans être pour autant politisées. Une société civile aspirant à la paix. Et que s’est-il passé ? Le régime de Damais a pris le parti du génocide. N’oublions pas que des armes chimiques ont été employées. Des enfants ont été massacrés. Ils n’étaient sûrement pas dans le lot de ceux qui fallait éliminer.

Tout chrétien, j’en suis aussi un, ne peut que condamner sans aucune concession l’attitude de ceux qui ont reconquis la cité. Cela s’est déroulé dans des conditions que le droit international rejette avec raison. Les conventions de Genève ont été bafouées. Pour que cela soit clair : je trouve l’attitude de l’EI épouvantable et pense qu’il est légitime de le combattre. Mais ceci dans des conditions que la morale chrétienne ne peut pas réprouver. Il existe des liens amicaux entre François Fillon et Vladimir Poutine. Je ne le lui reproche pas. Mais un croyant comme lui ne serait-il pas en droit, d’exprimer tout au moins ses sentiments envers les meurtres qui ont été commis contre le peuple syrien ? Il aurait pu le faire en exprimant sa réprobation générale contre les méfaits d’une guerre civile qui dévaste tout sur son passage. Il n’est pas trop tard de le faire ! Je sais qu’il est difficile d’attaquer une ami, d’autant plus qu’il est particulièrement sensible à ce sujet. Toutes critiques sont considérées comme une attaque personnelle, empêchant un dialogue normal. Le Vatican réprouve évidemment ce qui se passe à Alep et le dit ouvertement. Mais je pense que les intégristes catholiques se comportent autrement. Dans mon entourage il y avait un homme qui était très pratiquant et qui ne manquait jamais la messe. C’était l’époque de la guerre du Vietnam. Lorsqu’il déclara qu’il serait bon de lancer des bombes atomiques sur cette vermine qu’était le peuple de se pays, il ne resta pas d’autres solutions à ma famille de prendre distance par rapport à lui. François Fillon est-il un proche de telles options ? Je ne veux pas le croire, mais me sens assez désemparé. Pour moi le massacre ne peut pas être une solution, même si il est du à une raison objective. Le bombardement de Dresde à la fin de la guerre a peut-être accéléré l’effondrement du régime, mais comme chrétien je ne peux pas accepter une telle démarche. C’est ce que je voudrais lui faire comprendre.

pm

http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20161214.OBS2641/alep-le-silence-genant-de-francois-fillon.html

Pierre Mathias

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