Alep est tombée au main des troupes de Bachar el Assad. Ce qu’il en reste est un champ de ruines et d’innombrables morts et blessés. Un enfer sur terre. La communauté internationale a été impuissante d’arrêter le massacre, car la Russie a exercé son droit de veto à l’ONU en ce qui concerne une trêve des combats. Avec son aviation elle les a encore attisés permettant au dictateur syrien de vaincre les rebelles. Sans cette intervention, il n’aurait jamais pu être victorieux. Et nous ? Nous sommes les spectateurs et prenons avec une certaine indifférence acte de ce génocide. Lorsqu’on sait qu’un nombre élevé d’enfants sont les victimes, je suis pris de honte. Mais qu’aurait-on pu faire ? Descendre dans la rue et inciter nos gouvernements respectifs à entrer en jeu ? Ou de rompre toutes relations diplomatiques avec les pays belligérants que sont les russes, les iraniens et en partie les libanais ? Personne n’était prêt d’aller aussi loin au nom de nos intérêts internationaux. Je dois avouer que moi aussi je n’aurais pas franchi un tel pas, même si l’histoire a démontré, comme en 1938 avec les accords de Munich, que parfois il vaut mieux être tranchant. Mais qui est prêt à prendre le risque que ce conflit se généralise, d’autant plus que des considérations de politique intérieure entrent en jeu ? Lorsque le FN en France ou l’AfD en Allemagne déclarent qu’ils sont proches de Vladimir Poutine, ces formations le font, car elles sont soutenues dans cette démarche par un grand nombre de citoyens, qui n’en a rien à faire de « ces bougnoules ». Et ceci en partant du principe qu’une amitié avec le maître du Kremlin est le meilleur moyen de sauver nos valeurs chrétiennes. Quelle perversion de l’esprit !

Puis il y a encore un autre facteur, celui de la nomination aux États Unis d’un ministre des affaires étrangères ayant des rapports amicaux avec Poutine. Tout cela m’inspire du dégoût. Comment justifier toutes ces horreurs ? Au nom de la Realpolitik ? Comme cela a été le cas en 1942 lorsque de très nombreux convois ferroviaires amenaient les juifs dans les camps de la mort. Ni les Anglais, ni les Américains ont bombardé les voies, pouvant retarder tout au moins l’afflux de millions de candidats à la mort. Tout cela pour démontrer à quel point l’égoïsme peut faire des ravages. C’est pourquoi l’argument de notre impuissance ne reflète pas à mes yeux l’entière réalité. Nous ne voulons rien tenter qui pourrait gêner notre petit confort. Cela me gêne terriblement, car je fais partie de tous ceux qui observent les événements, qui marquent plus ou moins fort leur dégoût mais qui ne sont pas prêts à se lancer dans la bagarre. Je ressens de la honte ? Est-ce la raison pour laquelle je n’ai pas acheté une couronne de l’avent ? Que je n’allume pas tous les jours des bougies ? Suis-je entrain de vivre dans cette période qui devrait être celle de la réflexion, un certain deuil ? Jusqu’à présent je ne me suis pas posé cette question, mais cela pourrait éventuellement être le cas. Mais à quoi sert-il de penser si on reste les bras croisés ? Faut-il bannir pour autant le sapin de Noël ? Cela ne servirait strictement à rien ! Il serait plus opportun d’aider les rescapés que de les considérer comme des intrus ! D’accord ?

pm

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/12/13/l-ordre-ignominieux-d-alep_5048126_3232.html

Pierre Mathias

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