Même s’il s’agit de Marine Le Pen, dont je n’approuve pas ses vues politiques, je condamne toutes attaques indignes de la démocratie. Je trouve vil de répandre de fausses informations pour diffamer l’adversaire, peu importe où il se trouve sur l’échiquier politique. Nous avons vécu le mal que peut provoquer le mensonge et la diffamation au cours de la campagne électorale américaine. Un exemple plus que nocif, si on est adepte de l’État de droit. Au cours de ma carrière de journaliste, j’ai rencontré à maintes reprises des néonazis et étais confronté à des idées d’une telle absurdité, que j’avais de la peine d’entrer dans un débat. Malgré cela je n’ai jamais hésité de proposer le dialogue, mais s’il paraissait vain. La seule condition était un débat non-violent. Je pense que tant qu’on parle, il est possible de calmer les esprits. Je dois avouer que c’est souvent très difficile lorsque les sentiments s’en mêlent. Il est presque impossible de parler calmement lorsque la colère est en jeu. Et c’est souvent le cas chez des personnes d’extrême-droite. Ce qui leur manque le plus c’est la faculté d’écouter, de réfléchir à d’autres arguments que ceux de leur dogme. Et comme on sait, un dogme ne se discute pas en principe. C’est du moins ce que les personnes se trouvant en face de moi voulaient me faire comprendre. Malgré cela, je n’ai jamais hésité à me lancer en avant. Tout d’abord j’ai dit ce que j’avais l’intention de faire. Il ne me serait jamais venu à l’idée de faire un filme avec une caméra cachée, tout au moins dans ce contexte. Lorsque je l’ai dit à mon rédacteur, il m’a dit : « Tu n’obtiendras rien d’eux ! » C’est le contraire qui est arrivé. Ils ont trouvé réglo que je me soumette à des règles qui pour moi sont le fondement même de l’éthique. Je ne me suis donc pas caché. Je suis même allé un pas plus loin. Je leur ai dit ce que je pensais d’eux refusant tout clientélisme, ce qui est parfois courant dans mon métier. Puis je leur ai parlé de mes grands-parents qui sont morts dans un camp de concentration. Ils n’en croyaient pas de leur yeux et m’ont accepté à cause du courage que j’avais de proférer de tels faits en leur présence. J’étais presque mal à l’aise d’avoir été ainsi adopté par eux.

J’ai connu des situations similaires dans les milieux proches de l’islam fondamentaliste ou auprès de membres de la mafia. J’ai pris de manière consciente le risque de tout dévoiler. C’est la raison pour laquelle je condamne toutes formes de diffamations, peu importe qui cela concerne. Je trouve qu’en les attaquant de cette manière on se dévalorise soit-même. L’intégrité sort en fin de compte toujours gagnante en politique ou ailleurs. Qu’il soit dit, toute dérive sera dévoilée. Et lorsque que c’est le cas comme pour les attaques contre Marine Le Pen. Cela nuit en fin de compte au débat d’idées. J’ai eu l’occasion à deux reprises d’interviewer son père. Il n’était que question de politique, non pas d’affaires plus ou moins nauséabondes. Et si cela est le cas, il est du devoir du journaliste de faire acte d’investigation. Notre rôle est de rechercher la vérité, même si cette dernière ne nous sied politiquement pas. C’est ce principe que j’ai suivi tout au long de ma carrière, ce qui n’était pas toujours sans dangers. Un avantage : je peux me regarder dans un miroir !

pm

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/11/28/la-fausse-citation-de-marine-le-pen-sur-francois-hollande-et-hitler_5039607_4355770.html

Pierre Mathias

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