Trois mosquées en Californie ont reçu des lettres de menaces, où il était question que Donald Trump ferait l’affaire des croyants, comme l’avait fait Hitler avec les juifs. En 2015 les attaques haineuses contre l’Islam ont augmenté de 67% aux États-Unis. Après les propos du futur président contre les pratiquants, il était à craindre que le mouvement d’intolérance prenne cette dimension. Pour les racistes et tous ceux qui agissent de manière discriminatoire, de telles affirmations leur ont donné l’impression qu’en attaquant lâchement les lieux de prières, ils avaient le feu vert du chef de l’État. Ce dernier a fait l’amalgame entre la pratique d’une religion et le terrorisme islamique. Ce manque de nuance est une action orchestrée, qui amènera immanquablement de la violence. Dans la tête des criminels qui sont prêts à tuer, c’est en quelque sorte la légalisation de la haine. Un phénomène qui se répète sous toutes les dictatures. Adolf Hitler avait cautionner la nuit de cristal du 9 novembre 1938, donnant ainsi le feu vert à la destruction des synagogues. Les hordes « de braves citoyens » avaient ainsi l’impression d’agir légalement. Il n’y a eu pour ainsi dire pas de poursuites judiciaires. Au cas où Donald Trump ne condamne pas de telles pratiques menées soit-disant en son nom, les mêmes réflexes que sous le régime nazi risquent de prendre de l’ampleur aux USA. Il serait dans ce cas tout à fait légitime de parler d’un État félon. À l’instant où j’écris ce texte il n’y a pas encore eu une condamnation de la part de Donald Trump. J’ose espérer qu’elle viendra à temps pour calmer les esprits. Il est déconcertant que l’histoire se répète constamment lorsqu’il s’agit d’exclusion.
Dans le cas de l’islam les actions de Al-Qaïda et de l’EI ont certes provoqué de telles réactions. Contrairement aux juifs allemands qui n’ont pas commis d’attentats, toutes actions terroristes attisent la haine. Je crains fort que le contenu de cette lettre de menaces soit approuvé par un nombre non négligeable de personnes. C’est la porte ouverte au lynchage et à la ratonnade. Sera-t-il possible de faire entendre raison au futur locataire de la Maison Blanche ? Je ne lui demande pas d’aimer tout à coup les musulmans. Je sais que de tels sentiments ne peuvent pas être imposés, mais j’appelle à la raison. Est-il dans son intérêt de diriger un pays de plus en plus haineux ? Serait-il opportun de propager la violence ? Je ne le crois pas ! Mais un fait n’est dorénavant pas à exclure : au prochain coup porté par les islamistes aux USA, il ne serait pas étonnant qu’il y aille des pogroms. Les dirigeants de l’EI le savent et feront tout pour que cela se passe. Dans un tel cas il ne faut pas se laisser provoquer. Condamner les auteurs est nécessaire, mais pas de s’attaquer à des innocents. La justice américaine devrait le plus rapidement mettre fin à de telles attaques comme en Californie. Mais j’ai des doutes quant à sa partialité. Je crains qu’elle soit elle aussi noyautées par des éléments racistes. Dans des régimes autoritaires l’indépendance des tribunaux est tout à fait relative. Nous n’en sommes pas encore là en Amérique, mais que nous réservera l’avenir ?
pm