Comme on le sait le programme de François Fillon est assez radical dans son intégrisme, que ce soit dans le domaine économique ou dans celui d’une société judéo-chrétienne. Je ne veux pas revenir sur ce que j’ai écrit cette semaine concernant son refus d’accepter un contexte multiculturel ou le dégraissage massif de l’administration. Devant de telles revendications et le danger que représente aussi Marine Le Pen et le FN, la gauche doit se réformer de fond en comble. Il est effectivement très tard pour le faire, mais sans une initiative réformatrice, ce pourrait être le naufrage absolu. Même comme il est à prévoir que les socialistes et leurs alliés se retrouvent dans l’opposition, ce serait fatal qu’il y ait une situation identique à celle de la Hongrie, où le gouvernement peut faire presque n’importe quoi. Tout d’abord il s’agira de rassembler tous ceux qui refusent de se soumettre au conservatisme, tel que le préconise le candidat du PR. Ce ne seront plus obligatoirement les ouvriers ou les petits employés, dont beaucoup d’entre-eux ont rejoint le Front National. Il sera plutôt question de tous ceux pour qui les valeurs sociales ne sont pas seulement un filet de retenue, mais une manière d’aborder la société, de lui donner des valeurs humaines. Parmi eux des intellectuels qui se rendent parfaitement compte des dangers qu’un revirement à droite peut engendrer. Le thème de la liberté de pensée se retrouvera au premier plan. Tous ceux qui refusent à se soumettre aux dogmes du capitalisme dur et pur, préféreront opter pour une solution intermédiaire et c’est justement là où le bât blesse. Les cinq dernières années ont démontré que le modèle socialiste était en fait rejeté par une majorité de la population. Des réformes courageuses n’ont pas pu être menées à bien, car il y aurait eu résistance.

Et c’est justement là que François Hollande n’a pas eu le courage de sauter par dessus son ombre, celle d’un homme qui veut avant tout satisfaire tout le monde. C’est la raison pour laquelle il y a eu un grand nombre d’initiatives à demi-teintes. Ce manque de profil est probablement la cause de l’échec qui se dessine. Il a eu peur de se faire passer pour un social-démocrate comme Gerhard Schröder, qui n’a pas hésité à employer des moyens radicaux pour redonner du punch à l’économie. Certes des mesures impopulaires mais efficaces. Vu sous cet angle seul un projet intermédiaire entre un Fillon et un Mélenchon aura une infime chance de réduire les dégâts. Le socialisme idéaliste et le syndicalisme idéologique ne sont plus d’actualité. Plutôt un projet « Jupé de gauche » qui pourrait ménager la chèvre et le chou. Je sais, c’est guère satisfaisant, mais une vue assez pragmatique du malaise actuel qui laisse une marge de manœuvre plus qu’étroite. Emmanuel Macron, bien que le trouve trop smart pour l’Élysée, pourrait bien représenter ce que je nommerais un programme centriste. Je sais, il n’est pas vraiment accepté par les militants, mais il servirait bien de garde-fou, tout au moins dans l’opposition. Ce qui se passe actuellement est tragique pour les idéalistes et les utopistes, mais force est de reconnaître que la mayonnaise socialiste ne prend plus. Il faut s’en faire une raison !

pm

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2016/11/27/la-gauche-denonce-la-violence-inedite-du-programme-de-francois-fillon_5039048_4854003.html

Pierre Mathias

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