Lundi aura lieu le premier débat télévisé entre Hillary Clinton et Donald Trump. Plus de 100 millions de téléspectateurs sont prévus. Il est bien possible que cette joute aura des conséquences irréversibles pour l’issue du scrutin en novembre. Deux caractères complètement opposés s’affronteront. L’un est un novice en ce qui concerne la politique. Son arme est la provocation et la haine. Il espère ainsi toucher l’électorat. Il incarne, qu’on le veuille ou non, le rêve américain. C’est l’ascension d’un homme à priori pas fait pour occuper un tel poste. Une fois de plus la légende du liftier qui de ses propres forces réussi à défier ses adversaires, à atteindre des sommets qui à priori ne lui sont pas dus. De l’autre une femme policée, plutôt froide, ne levant qu’avec réticence le voile qui la recouvre. Une personne très compétente connaissant ses dossiers et pouvant bien juger ce qu’il faut faire ou pas. Au niveau de son savoir, sûrement un bon choix. Mais il y a plus. Les américains aimeraient pouvoir serrer le président ou la présidente dans leurs bras, comme c’est le cas actuellement avec Barak Obama, qui a de très bonnes cotes dans les sondages et ceci à la fin de son mandat. Clinton n’est pas la femme qu’on invite sans autre à sa table, à qui on se confie pour des raisons personnelles. Elle incarne l’establishment politique et économique et donne le sentiment d’être intouchable. Elle doit se rendre parfaitement compte que c’est sa tare principale. Un obstacle des plus difficiles à franchir. Au cours du débat elle devra tout faire pour ne pas se montrer arrogante, pour ne pas donner l’impression d’être une première de classe, qui méprise tous ceux qu’incarne Donald Trump : le citoyen normal qui ne brille pas obligatoirement par son savoir. Des gens qui souvent luttent le dos au mur, qui se sentent mis à l’écart.

Il faudra que la candidate trouve le moyen de leur donner un peu de chaleur. Je crains fort qu’elle ait du mal à le faire. C’est ce qui rendra ce duel si imprévisible. D’un côté l’incompétence de mener un pays, de l’autre le manque de sympathie. Il est évident que si elle en fait trop, Hillary Clinton se niera elle même. Les spectateurs sont parfaitement capable de sentir si elle est sincère ou non. Un exercice psychologique des plus délicats. Son vis-à-vis n’aura pas besoin de se départir du rôle qu’il joue depuis le début de la campagne, celui de l’éléphant dans un magasin de porcelaine. C’est ce qu’on attend de lui et qui lui rendra la tâche plus aisée. Il a assuré les citoyens qu’il ne se préparerait pas thématiquement et qu’il exprimerait seul ses états d’âmes. C’est ce que font d’habitude les autocrates car ils ne voient pas de raisons à se pencher trop sur les dossiers. C’est eux qui incarnent la vérité, un point c’est tout. Même s’ils se contredisent constamment, comme c’est le cas de Donald Trump, cela ne semble pas avoir tant d’importance. Je pense que nous nous trouvons tous, aussi en Europe, dans une situation des plus dangereuses depuis la fin de la seconde guerre mondiale, celui de l’avènement des apprentis-sorciers. Nous ne pouvons qu’espérer que Madame Clinton sera bien inspirée lundi ! Pas dit !

pm

http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/09/23/presidentielle-americaine-j-46-donald-trump-cible-le-moderateur-du-premier-debat-presidentiel_5002163_829254.html

Pierre Mathias

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