Mevlüt Cavusoglu, le ministre des affaires étrangères de la Turquie reproche aux Européens d’humilier son pays au lieu de le soutenir dans la lutte interne qu’il mène actuellement. Il ne peut pas comprendre que les négociations pour le rattachement de sa nation, battent de l’aile. Il oublie que c’est son régime qui a mis sur place un système répressif contre tous ceux qui s’opposent au Président Recep Tayyip Erdoğan. L’après-putsch a démontré le niveau de démocratie que connaît la Turquie. Tant que le gouvernement ne reviendra pas sur l’exclusion de bon nombre d’innocents, le gel sera de mise. Tout aussi bien que l’annonce probable de la réintroduction de la peine de mort. Lorsqu’on veut adhérer à un club, tous nouveaux arrivants doivent se soumettre aux statuts de ce dernier. Ils doivent se plier aux conditions nécessaires. La Turquie d’aujourd’hui ne remplit pas ces conditions, à elle de faire un pas dans la bonne direction. Ce qui m’inquiète actuellement, c’est que pour des raisons politiques, l’UE ferme les yeux au sujet de ce qui se passe autour du Bosphore. Toutes dérives pour des raisons pragmatiques, comme celles de la reprise des réfugiés, seraient fatales pour l’intégration européenne. Une porte ouverte à l’autocratie.

En ce qui concerne l’abolition du visa pour les ressortissants turcs voulant se rendre dans l’UE, il me paraît évident que cela présente certains risques. Peut-être dans ce point bien précis je montrerais plus de souplesse. Les avantages d’une telle mesure seraient un service accordé aux citoyens. Comme on le sait, le pays est divisé en deux en ce qui concerne le pouvoir et l’opposition. Cette dernière vit actuellement une bourrasque assez terrible et ne semble pas pouvoir renverser la vapeur, tout au moins réduire d’un cran l’aspect répressif des mesures envisagées. Il va sans dire que les gouvernements des pays-membres de l’UE rejettent catégoriquement toutes tentatives de putsch. Ils le répètent inlassablement. L’arrivée des militaires au pouvoir n’est pas un garant de sécurité. De même pour un régime qui se dit fort. Les attentats sanglants continueront à sévir et ébranler l’ordre public. La preuve qu’on devient pas maître de la situation en envoyant de plus en plus de policiers ou de soldats. Erdoğan donne l’impression de tout maîtriser, est-ce vraiment le cas ? A-t-il pu épurer de manière définitive l’armée des éléments hostiles à sa personne ? J’en doute. Nous nous trouvons actuellement sur une poudrière qui menace à tous moments d’exploser. Tout cela pourrait plonger le pays dans une guerre civile, dont les aspects précurseurs sont bien visibles. Malgré ses nouveaux rapports avec Vladimir Poutine, le Président devra un jour mettre de l’eau dans son vin. La Turquie ne peut pas se démarquer de l’espace économique de l’UE. L’autarcie amènerait de plus en plus de précarité. Erdoğan le sait parfaitement et n’ira probablement pas au-delà d’une certaine limite. Le tourisme, une des principales sources économiques, se trouve quasi au point mort. S’il reste intransigeant, il serait obligé d’aller réclamer de l’aide auprès des émirats et de l’Arabie Saoudite. Il sait parfaitement ce que cela pourrait représenter : une mise sous tutelle !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/08/15/pour-le-ministre-turc-des-affaires-etrangeres-les-europeens-humilient-son-pays_4982755_3214.html

Pierre Mathias

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