Ce qui se passe en Corse vis-à-vis des musulmans est du racisme. L’ère de la ratonnade est-elle à nouveau d’actualité ? Je ne peux pas considérer ce qui ‚est passé comme une bagatelle. Bien plus comme un signe précurseur de l’ambiance que nous connaîtrons peut-être partout en France. Il est certes très difficile de dissocier l’islamisme de l’islam. Ce sont des données totalement différentes qui caractérisent ces deux notions. L’une l’action politique violente, l’autre la croyance et la fidélité par rapport au Coran. Qu’il y soit écrit que toute forme d’assassinat est un péché mortel, ne préoccupe guère le terroriste. Ce point très précis est essentiel dans les rapports entre les communautés. Il appelle à la tolérance, à la liberté de religion. Un des points de discorde réside dans le fait que nombre de musulmans vivent leur croyance d’une manière visible à l’extérieur. La laïcité, comme nous l’entendons, s’oppose à la démonstration, quelque soit sa forme, de tous signes religieux. En ce qui concerne l’islam dur et pur, le port du voile pour les femmes est de mise. Les uns considèrent cette dérogation comme une expression identitaire, les autres comme une provocation. Pour ma part je n’y verrais pas d’objection s’il était question de suivre à la lettre l’écriture sainte. Nulle par dans le Coran il en est question. Dans ce cas-là ce serait plutôt un manifeste politique. S’il n’y avait pas la loi de 1905 qui régit les principes même de la laïcité, je ne pourrais m’y opposer. Au fin fond de moi, la tolérance me dicte d’accepter de telles formes vestimentaires. Tant qu’elles ne prônent pas la division, il n’y aurait pas grand chose à dire. Mais je pense que c’est malgré tout le cas. Nous en portons une grande responsabilité. Si nous avions pas pratiqué l’exclusion, il n’y aurait pas de raisons que la population de croyance musulmane se réfugie sous le couvert d’une tradition qui ne peut que favoriser le rejet dans certains milieux.

Il va sans dire que je condamne de la manière la plus stricte ce qui se passe en Corse. Il faut à tout prix que le dialogue remplace toutes attitudes haineuses. De part et d’autre il faudra faire des concessions. Il sera prioritaire de déclarer qu’une minorité ne peut pas imposer sa manière de vivre, qu’elle soit obligée de respecter notre constitution qui met les droits de l’homme au premier plan. Il en va de cela uniquement, pas de baignades en habits traditionnels. Tout citoyen doit vivre en égalité et fraternité. La liberté vient se greffer sur tout cela. Il ne peut pas être question d’interdire quoi que ce soit, tant qu’il n’y a pas délit. En Corse cela ne semble pas avoir été le cas. Donc personne ne pourrait imposer par la force une manière de vivre qu’il croit être propice au pays. Non, dans une population multiculturelle il faut accepter certaines règles qui à priori semblent être restrictives. La liberté individuelle en fait partie. Dans le cas qui nous préoccupe, ce ne sont pas les signes extérieurs qui sont importants, bien plus la vague de fond qui risque de nous emmener au large. Il faut éviter à tout prix que le « modèle corse » se répande plus. Il serait temps d’enterrer la hache de guerre et de se parler.

pm

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/08/15/la-corse-en-tete-des-actes-anti-musulmans-en-france_4982934_4355770.html

Pierre Mathias

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