Le dialogue avec l’Islam n’est décidément pas une mince affaire. Quels sont les véritables interlocuteurs ? Contrairement au catholicisme, cette religion n’a pas une structure centrale. Elle est composée de diverses tendances qui souvent se livrent une lutte acharnée entre elles. Les négociations avec les membres du culte musulman sont de ce fait compliquées. L’esprit cartésien réclamerait des démarches simples, mais ici cela ne peut pas être le cas. Personne ne peut se faire passer pour un leader, personne ne peut imposer quoi que ce soit ! L’individualisme prime, ce qui à mon avis n’est pas forcément une tare. L’entrevue du ministère de l’intérieur a de ce fait qu’un aspect informateur. Des vœux-pieux qui restent souvent lettre-morte, car ils ne peuvent pas être imposés. Au niveau politique cela rend les choses sacrément compliquées. L‘ État aimerait bien avoir affaire à des responsables qui auraient comme devoir de prendre des décisions au nom d’une communauté. Mais cette dernière est tellement fractionnée, que toutes tentatives d’unité restent factices. Malgré cette réalité je trouve un tel dialogue très positif. Il démontre que l’Islam n’est pas un bloc monolithique.

Les Salafistes, par exemple, n’étaient pas présents. Ce sont pourtant eux qui devraient être abordés lorsqu’il s’agit d’extrémisme. Leur organisation, contrairement aux autres, est plus structurée. Sinon il serait impossible pour eux d’être les chantres du fondamentalisme. Une idéologie qui incite beaucoup de ses membres à la violence, qu’elle soit verbale ou physique. La grande majorité des problèmes que nous connaissons viennent de là. Le radicalisme que ses adeptes affichent incite beaucoup de jeunes gens à rejoindre leurs rangs. L‘ Islam plus libéral est pour eux qu’un faisceau de compromis. La foi y est pour eux édulcorée et se base sur le compromis. Il serait pour nos autorités très important qu’il y ait un débat. Mais les conflits qu’un tel fondamentalisme provoque, rendent plus ou moins caduque un tel dialogue. C’est cette forme de l’Islam qui s’impose dans l’esprit de nos concitoyens, bien sûr une hérésie. Contrairement à la tolérance invoquée dans bien des versets du Coran, une vue bornée de cette religion en est le résultat. Tous ceux qui connaissent mal l’islam croient que ce que disent les Salafistes est représentatif. Ce n’est évidemment pas le cas ! Il n’est pas étonnant que nombre de penseurs préconisent une réforme. Si cette religion se dotait de structures moins volatiles, elle pourrait mieux maîtriser les divisions qui règnent actuellement. La politique a souvent plus d’importance que la théologie, ce qui ne devrait être aucunement le cas. La raison pour laquelle la formation des Imams devraient être plus ancrée dans le domaine intellectuel. La philosophie devrait être au premier plan, non pas des diatribes plus ou moins excessives. Vouloir schématiser une pensée religieuse a toujours servit les despotes, non pas Dieu ! Il serait temps que tous musulmans en prennent conscience et luttent contre toutes formes de totalitarisme. Mais comment faire entendre raison à des individus pour qui le croyance n’est qu’un instrument politique n’ayant comme buts que le pouvoir et l’asservissement de leurs coreligionnaires. Déclarer la guerre sainte est un bon moyen pour y arriver. Pendant le Ramadan il serait souhaitables que les croyants réfléchissent à l’avenir de leur religion.

pm

http://www.lemonde.fr/religions/article/2015/06/15/dialogue-avec-l-islam-une-belle-journee-de-travail-place-beauvau_4654684_1653130.html

Pierre Mathias

Schreibe einen Kommentar

Deine E-Mail-Adresse wird nicht veröffentlicht. Erforderliche Felder sind mit * markiert