Une nouvelle interruption des négociations entre les créanciers et le gouvernement grec a eu lieu hier soir. Une fois de plus. Alexis Tsipras ressemble à un boxeur à bout de souffle qui se reprend toujours en dernière minute. Seule une défaite technique pourrait l’inciter à jeter l’éponge. Dans ce cas ce serait la faillite de son pays. Ira-t-il aussi loin ? Telle est la question qu’il est permis de se poser. Il sait parfaitement qu’une telle option signifierait. La paralyse complète de la Grèce en serait la conséquence. Les fonctionnaires ne pourraient plus être payés ; l’économie, déjà très touchée par la crise, serait en état d’agonie. Un risque de guerre civile ne serait pas à écarter. Les riches, sentant que le bateau est en train de couler, ont planqué des milliards en Suisse et ailleurs et ne tiennent aucunement compte de la misère qu’ils engendrent ainsi. Puis il y a aussi les tensions internes du parti gouvernemental Syriza qui rendent toutes décisions caduques. L’avenir du premier ministre est remis ainsi en question. Ses opposants refusent tout essai pour arriver à un compromis. Ils ne veulent pas reconnaître que les promesses qu’ils ont proférés n’ont aucun lien avec la réalité. Plutôt que de mettre de l’eau dans leur vin, ils penchent pour une attitude pure et dure. Ils préfèrent sombrer la tête haute que d’accepter « une aumône » de la part de leurs créditeurs.

Est-ce l’avis de la population ? Elle souffre comme jamais et semble ne plus savoir à quel saint se vouer. A-t-elle conscience quelles conséquences un départ de la zone euro pourrait signifier ? Il y a certes un raz-le-bol général, mais vont-ils aussi loin d’envisager un Grexit ? Les sondages disent le contraire. Ceux qui prédisent une nouvelle chance avec un drachme qui ne vaut plus rien, sont à mes yeux des apprentis-sorciers. Qui serait encore enclin de placer son argent dans un pays en pleine dérive ? L’industrie, à peine existante, n’aurait plus le temps de danser la mort d’un cygne, ce serait le KO immédiat ! La disette, déjà omniprésente, ferait des ravages que personne ne peut imaginer à l’heure actuelle. Sans une aide extérieure, tout l’édifice s’effondrerait. Alexis Tsipras le sait bien. Pour forcer la main à tous ceux qui réclament des réformes fondamentales, il esquisse une option qui serait désastreuse pour l’Europe toute entière. Malgré les dires de certains qu’un départ de la Grèce ne serait guère perceptible sur les marchés financiers, personne à l’heure actuelle peut mettre sa main au feu. À mon avis cela pourrait déclencher un séisme général. Que nous le voulions ou pas, prendre un tel risque serait irresponsable. Ceci tout autant dans les domaines économiques et politiques. L’intransigeance du gouvernement grec de vouloir provoquer une remise de la dette m’exaspère. Je la trouve carrément immorale, mais elle reflète la réalité. Athènes ne pourra jamais la rembourser ! Que faire dans de telles conditions ? Comme Martin Schulz l’a dit hier soir dans un débat télévisé en Allemagne, les joutes actuelles déboucheront fatalement sur un accord aussi boiteux soit-il. Il serait vain d’agir autrement. Il faut se marteler dans le crâne que nous sommes déjà les perdants. Nos institutions ne seraient plus crédibles parce qu’elles n’auraient pas pu éviter ce Waterloo. David est-il entrain de gagner la bataille ? Que cela nous plaise ou non, je le crois !

pm

http://www.lemonde.fr/economie-mondiale/article/2015/06/14/les-negociations-entre-la-grece-et-ses-creanciers-s-interrompent-a-nouveau_4653887_1656941.html

Pierre Mathias

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