Alexis Tsipras a du se rendre à l’évidence : il n’y a pas d’autres solutions que de se plier aux exigences de l’UE. C’est le seul moyen de ne pas subir les méfaits d’une banqueroute qui aurait des conséquences fatales pour la Grèce. Le gouvernement hellénique présentera d’ici peu une liste complète des réformes qu’il a l’intention de mettre en œuvre pour satisfaire les exigences des créanciers. Elles devraient être formulées de telle manière qu’elle évite aux nouveaux dirigeants de perdre la face. Une fois de plus les électeurs devront constater que les revendications des populistes sont à mille lieues de la réalité. Jeter la poudre aux yeux des citoyens est une chose, mettre en pratique ses promesses une autre. Il en va ici d’une question fondamentale, celle du pragmatisme. Il est en opposition totale avec les rêves évoqués au cours du débat politique. Lorsque les caisses sont vides, seule le réalisme peut encore sauver la mise, mais à quel prix ! Ce qui se passe ici est un Waterloo pour le parti au pouvoir. Il n’est pas en mesure de tenir parole. D’autre part il ne veut pas être le fossoyeur d’une nation qui vit actuellement des temps très difficiles.

Alexis Tsipras sait parfaitement qu’un départ de la zone euro aurait des conséquences terribles pour ses compatriotes. Il doit se rendre à l’évidence que seul un accord avec Bruxelles peut éviter de sombrer dans une catastrophe irréversible. Comment va-t-il expliquer « sa reddition » à ses compatriotes ? D’autant plus que le bon sens aurait du l’inciter à plus de prudence lors de la campagne électorale. Ses interlocuteurs européens ont pris note qu’il serait inopportun que le premier ministre soit désavoué. La raison pour laquelle il chercheront à limiter la casse, tout en ne faisant aucun compromis en ce qui concerne leurs revendications. Un casse-tête chinois ! Toute cette comédie macabre démontre que la politique, si elle est dépourvue de raison, est vouée à l’échec. Lorsque on lit les programme économique et financier du FN, la démarche n’est pas différente. C’est du délire, de l’utopie. Dans un monde ou la globalisation est un fait objectif, on ne peut plus retourner en arrière. Prôner le nationalisme n’est que la dialectique. Les faits sont différents et obligent tous ceux qui gouvernent à se soumettre à des lois qu’ils détestent, faute d’être ruiné. Il serait opportun que les peuples se rendent enfin compte qu’entre ce qui est dit et ce qui est réalisable il y a un abîme infranchissable. Mais la raison n’est pas au rendez-vous lorsque l’impression prévaut qu’on va étouffer. C’est là où il y a un manque évident de pédagogie. L’exemple de la Grèce pourrait sonner le glas à toutes formes de délire. Peut-être une chance d’écarter un jour les apprentis-sorciers du pouvoir politique. Mais je n’y crois pas trop. Ce n’est que dans l’effondrement total que les citoyens se rendent compte qu’ils se sont fourvoyés dans le monde des chimères. Un peu comme un drogué qui doit atteindre l’enfer pour se faire une raison. Malgré les déclarations un peu plus positives, je n’y crois pas trop. Il est horriblement difficile d’avouer qu’on a fait fausse route. C’est le cas d’Alexis Tsipras. La soif du pouvoir a été déterminante dans sa démarche. Maintenant il doit se rendre enfin à l’évidence qu’entre la rhétorique et les faits réels il y a un fossé. Pour lui un réveil brutal !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/03/20/la-grece-a-court-d-argent-s-engage-a-accelerer-les-reformes_4597584_3214.html

Pierre Mathias

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