Aujourd’hui nous allons probablement vivre une Bérézina, tout au moins du point de vue des démocrates. Le FN sortirait, d’après les sondages, comme grand vainqueur des départementales. Un fait qui devrait faire frémir les intellectuels. Beaucoup d’entre-eux la boucle ou n’arrivent pas à se faire entendre. Où sont passées les grandes voix qui devraient condamner sans rémission toutes dérives populistes ? Les grosses têtes seraient-elles devenues frileuses ? Nous vivons aujourd’hui un phénomène qui a été de mise lors de l’avènement du national-socialisme. Il y a eu certes certains héros qui ont souvent payé de leur vie leur engagement démocratique, mais dans l’ensemble on a préféré s’arranger ou planter son chef dans le sable. Rien vu, rien entendu ! Le réflexe de la planque pour sauver tout simplement sa peau ? Mais il y a aussi eu pire. Ce sont tous ceux qui ont essayé de valider des décisions politiques qu’ils auraient du rejeter. Des collaborateurs sur lesquels le régime a construit sa légitimité. Je suis sûr que si le pire devait arriver en France, bon nombre d’intellectuels retourneraient leur veste afin de ne pas remettre en question leur petit confort. Ce genre d’attitude est à mes yeux infâme. Je ne peux pas reprocher à l’homme de la rue de se fourvoyer dans des chimères, et ceci par manque de formation, mais lorsque il s’agit de l’élite même d’un pays, je ne peux qu’attirer l’attention sur le mal qu’elle provoque. Les grosses tronches ont le devoir d’expliquer, de faire comprendre aux citoyens ce qu’un tel vote peut avoir comme conséquences. Le raz-le-bol ne peut pas être une option d’avenir. Elle ne se construit pas sur la hargne, au contraire. Je déplore au plus au point cet attentisme.

Ce soir, lorsque les résultats du premier tour seront connus, nous vivrons l’ambiance du mur des lamentations. Des commentaires acerbes qui ne changeront pas la mise. Assurément des corrections pourront être faites au cours du deuxième tour, mais le fait qu’un parti prônant l’exclusion arrive en première place ne pourra pas être classé dans le registre « accident de parcours ». Cela restera une tare difficile à éliminer. Au niveau international un message qui ne peut pas favoriser la confiance. Nous en avons besoin. Sans l’appui de nos partenaires nous ne pouvons pas sortir de la crise économique. Les universitaires auraient dû tirer la sonnette d’alarme ! S’ils l’ont fait ils n’ont pas été entendus. Le discours académique ne porte pas ses fruits lorsque la maison brûle. Où sont passés les Malraux, les Kessel qui ont risqué leur peau pour sauver l’honneur de la France ? Passés à la trappe ? Au lieu de reprocher à Manuel Valls ses états d’âme pour le seul fait qu’il dit, ce que d’autres pensent, ils feraient bien de quitter leur tour d’ivoire. Faut-il en arriver là pour qu’ils bougent enfin ? Ils auraient une grande responsabilité à jouer, mais grand nombre d’entre-eux se débinent, un signe évident d’impuissance. Où est passé leur engagement patriotique ? Ne voient-ils pas qu’ils poignardent la République dans son dos ? Je ne perds pas pour autant espoir, qu’ils reviennent un jour à la raison. Ce sera probablement trop tard, le mal ayant été fait. Je ne peux que clamer ma réprobation, mais cela ne servira probablement à rien. Une voix dans le désert de l’indifférence !

pm

http://www.liberation.fr/politiques/2015/03/19/fn-des-intellectuels-pas-toujours-intelligibles_1224371

Pierre Mathias

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