Justin Trudeau et Emmanuel Macron se sont rencontrés à Ottawa, quelques heures avant le début du G7. Les deux chefs d’État sont parfaitement conscients que la rencontre sera périlleuse et que comme « dans toutes bonnes familles », les conflits qui l’animent devront être mis sur table. Je pense que Donald Trump restera sourd à toutes les critiques qu’on lui fera, comme il considère que c’est son bon droit d’agir ainsi. Mais cette fois-ci il ne devra pas s’attendre à ce qu’un des pays présents se mette à genoux. Est-ce que ce sera la réunion de la rupture ? C’est bien possible. Mais il ne faut pas oublier qu’un président des États-Unis est élu pour une période de quatre ans, avant de devoir se représenter ou pas devant le peuple. Je suis certain que cet aspect sera pris en compte et qu’il ne faudra pas casser plus de porcelaine que ce qui est nécessaire. Il est à prévoir par contre, que les relations resteront gelées jusqu’à la fin du mandat de Donald Trump. Il a éliminé d’un coup de plume, une des pièces maîtresse de l’Alliance atlantique, celui du libre échange des marchandises. L’UE sera obligée, comme la Chine ou le Canada par exemple, de taxer l’importation de certaines marchandises provenant des USA. Œil pour œil, dent pour dent, cette riposte biblique de l’Ancien Testament, sera mis en application. Il va sans dire que pour les entreprises concernées de part et d’autre, cela amènera de graves problèmes, si le niveau des affaires menées dans le contexte international est élevé.
Comme homme d’affaires, Donald Trump devrait savoir que c’est du poison qu’il répand ainsi et ceci d’une manière complètement erronée. En fin de compte il pourrait y avoir des licenciements, ce qui n’est pas une façon très populaire de faire parler de lui. Je pense que Donald Trump proposera aux pays concernés des négociations séparées, ce qui ne sera pas possible avec l’UE. Son désir est, comme nous le savons, de semer la zizanie au sein de l’Union. Il faudra que nous fassions tout pour que cela ne se produise pas. Je pense avant tout à des pays qui critiquent constamment Bruxelles comme la Pologne, la Hongrie ou, depuis quelques jours, l’Italie. Il faudra faire comprendre à ces nations euro-septiques qu’en faisant cavalier-seul, ils se causeront un mal considérable. J’espère que les intérêts économiques primeront. Le G7 risque dans de telles conditions de devenir un G6 plus 1. Et si les États-Unis veulent le quitter, qu’ils le fassent. Emmanuel Macron parle de l’amitié qui nous lie, mais je me demande jusqu’à quel point nous pourrons continuer à supporter de telles inimités. Ce qui se dessine-là pourrait ressembler à la guerre-froide. C’est absolument insensé qu’un président américain puisse aller jusque là. Je pense qu’il serait faux d’essayer de trouver des compromis. Angela Merkel a déclaré qu’elle n’y pensait pas, ce qui est étonnant lorsqu’on la connaît. Comme le vin est tiré, il faudra le boire. Le tout sera de ne pas céder au chantage du président américain. Le tout sera de rester clair, de se mettre en tête que chaque mois qui passe est un mois de moins en ce qui concerne le règne du locataire de la Maison Blanche, à moins que le peuple américain continue à être aveugle.
pm
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