N’en déplaise à «mes amis inconnus » de Catalogne, de ne pas suivre avec joie leur intention de rendre leur province indépendante. Cela pourrait encore un peu plus effriter l’UE. J’ai voulu croire jusqu’à aujourd’hui que la politique de clocher était révolue pour un certain temps. Maintenant je dois me faire une raison que le chauvinisme reprenne le dessus. Au lieu de rassembler, on est en plein morcellement en ce qui concerne l’Europe. J’ai tourné pas mal de films dans des mouvements séparatiste, que ce soit en Corse, en Bretagne, dans le Jura suisse, en Flandre et j’en passe. Les personnes que j’ai rencontrées m’étaient sympathiques à cause de leur amour du terroir, par la volonté de respecter leur environnement et de revenir à un style de vie pas dépendant de l’argent. Mais dans leur engagement, il y avait déjà à l’époque quelque chose de déconcertant : c’est de passer sous silence ce qui se passerait en cas de scission. En ce qui concerne la Catalogne, le prix à payer serait immense et précipiterait cette province dans une crise inégalable jusqu’à aujourd’hui. L’économie tomberait en chute libre, la Catalogne devrait quitter l’UE et se pourvoir d’une nouvelle monnaie qui ne vaudrait pas grand chose. Je trouve que cela serait régressif pour nous tous. Ce serait un divorce qui plairait bien aux nostalgiques, pas aux réalistes dont je fais partie. Je dois reconnaître que cette province a subi de coups de boutoirs. Franco est allé jusqu’à interdire aux habitants de parler la langue de leurs ancêtres en les mettant sous le joug de la dictature, la Catalogne étant plutôt républicaine. À la mort de Franco, les gouvernements qui ont suivi lui ont donné une grande autonomie, mais cela ne suffit pas aux nationalistes. Weiterlesen