Hier les Français ont défilé dans les rues pour protester contre la réforme de la retraite, qui même si elle devait être appliquée, serait encore pour les Allemands l’Eldorado. Ce qu’ils touchent actuellement est de loin plus bas, que ce qui se passe au sein de l’hexagone. Le « miracle économique » s’est fait au dépend des citoyens. Et dire que le SPD en a été en partie l’artisan ! La social-démocratie a donné au capitalisme l’aval de l’exploitation. Le Harz IV de l’ex-chancelier Gerd Schröder, leur pend comme une épée de Damoclès sur leur tête et envenime leur avenir. Le parti qui aurait dû être l’avocat des plus démunis, les a poignardés dans le dos. Le SPD a beau vouloir se départir de ce passé scandaleux, mais n’y arrivera pas complètement, car l’attrait du pouvoir est sa pièce-maîtresse. Contrairement à ce qui se passe en France, où le peuple n’hésite pas à marquer sa grogne en menaçant l’ordre établi, en Allemagne nous avons plutôt affaire à des chiens-couchés qui se soumettent à la loi des plus forts. Même si je suis contre un départ intempestif du SPD du gouvernement, je trouve la valse-hésitation qui se dessine aujourd’hui au congrès du parti, comme un aveu d’impuissance. Au lieu de claquer la porte, il y aura des discussions avec la Chancelière. Saskia Esken et Norbert Walter-Borjans, les candidats à la présidence du parti, bien que de gauche, se roulent dans de la farine et devrons faire comprendre aux militants, qu’ils feraient mieux de ne pas élever des revendications qui pourraient encore plonger plus le SPD dans la mouise. Dans ce cas il s’agit de ronger son frein et d’avaler des couleuvres.
Les nouveaux chefs ont beau évoquer qu’il s’agira d’imposer une politique climatique bien plus mordante, que ce qui a été décidé par le gouvernement. Les futurs dirigeants voudraient que des sommes colossales soient investies à la rénovation de l’infrastructure. Lorsqu’on pense que nombre d’écoles sont dans un état de délabrement, digne d’un pays du tiers-monde et que le salaire horaire des travailleurs est franchement indécent, il serait effectivement temps pour le SPD de revenir à sa raison d’exister, la défense des moins favorisés. Je pense qu’on en est encore loin. Si le peuple, comme en France, exprimait ce qu’il a sur son cœur, il n’y aurait aucun doute pas de telles demi-mesures qui provoque chez moi des coliques. Mais il ne faut pas oublier que 64 % des Allemands sont partisans que rien ne change à la tête de l’État, que tout reste immuable comme c’est le cas aujourd’hui. C’est le dilemme dans lequel on se trouve aujourd’hui, le manque d’esprit de reconquête, ne pas vouloir prendre des risques. Et c’est justement ce que les Allemands envient lorsqu’ils parlent de leurs amis français, c’est de ruer dans les brancards. Personne dans l’hexagone ne serait prêt à vivre dans les conditions que Gerhard Schröder a imposé à son peuple. Je pense qu’au cours du congrès du SPD, qui aura lieu jusqu’à dimanche, de telles questions devraient être débattues, quitte à essuyer des coups. Mais il faut aussi être réaliste, tout mouvement protestataire se fera à ses dépends. Ce qui se passera aujourd’hui à Berlin serait inconcevable dans une situation identique à Paris. L’éléphant accouchera d’une souris et rien ne changera dans le pays de Goethe. La belle au bois-dormant !
pm