Les jihadistes de l’EI se frottent les mains, depuis que Donald Trump a décidé de retirer ses troupes du nord de la Syrie. Les Kurdes qui contrôlaient les camps de prisonniers ont été obligés de retirer leurs soldats, afin qu’ils prennent part aux combats que leurs livrent les Turcs. Il y a certes un cessé-le-feu, mais pour combien de temps encore? N’oublions pas que ce sont eux qui ont été le fer de lance de la lutte anti-terroriste. Ce que se passe actuellement est un signe de démence. 12.000 jihadistes sont emprisonnés, dont 2.500 issus de pays venant de 50 pays étrangers, dont des ressortissants français et allemands. Le plus grand contingent parmi eux vient de Tunisie. Lorsque le président américain prétend que l’EI est à tout jamais vaincu, il se jette de la poudre aux yeux, comme si on pouvait arrêter la marche des terroristes. Les premiers à en ressentir les conséquences seront les Européens. Il serait logique que les attentats reprennent de plus belle. S’il était subtile, ce serait un bon moyen de remettre au pas l’UE, qui semble vouloir lui tenir tête, mais je ne pense qu’il soit allé aussi loin dans ses pensées. Et dans tout cela que dire de Recep Tayyip Erdigan ? Il s’allierait avec le diable pour parvenir à ses fins. Je peux m’imaginer qu’il a inclus dans sa stratégie cette question plus qu’épineuse. A-t-il intérêt de déstabiliser la région ?

Dans un certain sens oui, car cela lui donnerait un argument décisif pour intervenir plus fortement. Puis c’est aussi pour lui l’occasion de se détacher de l’étreinte de l’OTAN, d’en faire à sa guise en s’alliant avec Vladimir Poutine notamment. Mais il est peu probable que ce dernier soit d’accord de donner l’occasion aux jihadistes de l’EI de s’évaporer dans la campagne. Ils sont pour l’instant incarcérés dans les camps de Roj, Dachicha, Jerkin, Navkur et Derik. Ceux-ci sont assez perméables, les lieux étant mal assurés. Avec le départ des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, ils n’ont plus qu’à prendre leurs jambes à leur cou, à moins que les troupes qu’ont envoyé d’une part Bachar el Assad, de l’autre les Russes, deviennent eux aussi des gardes-chiourmes. Cinq prisonniers ont déjà fui, mais cela ne peut qu’être qu’un début. La situation dans les camps est désastreuse, notamment dans celui d’Al-Hol, où s’entassent plus de 70.000 personnes. Cette situation est un terreau idéal pour la violence. Il est à mes yeux inconcevable que les pays d’origines ne reprennent pas leurs ressortissants et les jugent dans les pays respectifs. Ce serait d’une importance primordiale du point de vue juridique mais aussi humanitaire, car parmi eux il y a un nombre non-négligeable d’enfants. Je ne demande pas l’impossible, mais seulement une prise de conscience des nations concernées. Il faudrait que nous nous demandions ce qui a pu amener des jeunes à s’engager ainsi pour le terrorisme islamique. Ce serait un pas essentiel à faire afin de pouvoir un jour enrayer cet exode en direction de l’empire du mal. Il ne sert à rien de montrer les autres du doigt, mais de se poser la question du pourquoi d’un tel comportement. Quelles sont les erreurs qui ont été faites ? Je pense en particulier aux banlieues. Qu’y a t-il à faire pour freiner une telle évolution ? Il est à craindre que certains jihadistes qui ont réussi à se libérer, se sacrifie « pour la cause » sous nos latitudes.

pm

https://www.nouvelobs.com/monde/20191016.AFP6741/jihadistes-de-l-ei-detenus-dans-le-nord-est-syrien-ce-que-l-on-sait.html

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