En lançant hier le sous-marin nucléaire « Le Suffren » à Cherbourg, la France a donné à la force de dissuasion un atout de plus. Il est permis de se poser la question, si l’armement dont s’est doté le pays correspond encore aux défis militaires en ce qui concerne la politique internationale, comme cela été le cas pendant le septennat de Charles de Gaulle. Il avait été question de renforcer la puissance de la France par rapport aux alliés qui ont mis à genou le 3ème Reich. La dotation de l’arme nucléaire allait dans ce sens. Une décision juste à mon avis, pour ne pas faire de l’Europe le vassal des États-Unis et de faire comprendre à l’Union Soviétique qu’il fallait compter sur sa résistance, s’il lui venait l’idée d’aller plus en avant en direction de l’Atlantique. N’oublions pas que nous nous trouvions en pleine guerre froide et que le bluff était monnaie-courante. C’était un peu comme une partie de poker-menteur, où il s’agit de jeter de la poudre aux yeux de son adversaire. Ce qui fonctionna plus 74 ans peut être remis en question aujourd’hui. Le rôle de l’armée est de s’engager en Afrique, en Orient et ailleurs. Plutôt une stratégie d’une force de guérilla, capable comme au Mali d’intervenir rapidement, puis de pratiquer ensuite un retrait stratégique pour intervenir ensuite ailleurs. Le tout accompagné d’un soutien aérien. Je pense que c’est dans ce domaine qu’il faut développer l’action militaire. Alors à quoi bon le « Suffren » ? C’est le 17ème submersible à propulsion nucléaire. Je suppose qu’il a à son bord des missiles dotés de bombes atomiques. En cas de conflits majeurs, ils pourraient être tirés par des sous-marins conçus à cet effet. Du point de vue militaire, des armes qu’il ne faudrait jamais utiliser, car cela provoquerait sans aucun doute l’Apocalypse. Elles ne servent donc qu’à la dissuasion.

La politique étrangère menée par Emmanuel Macron se trouve dans la droite ligne de la conception mise en place il y a des décennies. Dans ce domaine bien particulier il y a continuation. Mais est-ce encore d’actualité ? C’est ce que je me demande. Ne serait-il pas mieux de suivre les conseils d’un ancien chef d’État-major, Étienne Copel, de développer l’armée de guérilla ? D’adapter la défense aux conditions actuelles de la politique internationale ? Le lancement du « Suffren » est à mon humble avis une relique du passé. La France n’est vraiment pas en mesure, de faire la guerre contre les grandes puissances. Ses moyens sont trop limités. Par contre l’armée pourrait marquer des points comme force d’intervention rapide partout dans le monde. C’est bien là que je vois sa vocation, celle de marquer sa présence sur les cinq continents en cas de besoin. Cela demanderait une stratégie d’une grande mobilité. Vous me direz avec raison, pourquoi intervenir dans des conflits qui ne nous concernent pas directement. Je vous répondrai qu’il y a effectivement un choix à faire. Pour exemple j’aimerais prendre la présence de l’Iran au Liban, en Syrie ou au Yémen, ce qui est un facteur qui va à l’encontre de nos intérêts au Proche-Orient. Je déplore que l’Europe n’y soit pas présente afin d’y défendre nos intérêts, qui seraient avant tout d’avoir accès au pétrole. À long terme cela pourrait nous jouer un mauvais tour. C’est là qu’il faut investir, pas dans de la ferraille…

pm

https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/12/en-lancant-le-suffren-le-president-vante-la-france-pays-du-temps-long_5488851_3210.html

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