Aux USA de plus en plus de personnes meurent d’overdoses en prenant des quantités industrielles de médicaments anti-douleurs. Les médecins prescrivent trop souvent des opiacés, car c’est ce que réclament les patients, le fait de vivre sans ressentir des contraintes physiques. L’important est d’éradiquer toutes nuisances. Ceux qui ne connaissent pas comme moi un tel état de santé, peuvent déclarer haut et fort vouloir interdire la prises des opioïdes. Théoriquement cela sonne bien, mais dans la pratique c’est autre chose. Lorsque vous avez l’impression qu’une main d’acier laboure votre corps et ne vous laisse pas une seconde de répit, vous avez qu’un seul vœux, c’est que cela s’arrête. D’autant plus que vous n’êtes pas préparé psychologiquement à supporter les douleurs. Il en faut du temps pour pouvoir se mettre dans des conditions adéquates par rapport à elles, de les braver ou de les accompagner comme si elles faisaient partie de la vie. « J’ai mal, donc je vis ! » J’ai mis plus deux ans pour comprendre que c’était ma réalité. Pendant que je vous écris ce texte, tous mes membres me torturent, me font comprendre que ce sont les douleurs qui font la loi. Depuis que j’ai arrêté la morphine, ceci depuis huit semaines, mon corps se rebelle, me fait comprendre qu’il n’accepte pas sans autre ce nouveau régime que je lui impose. J’ai pris le parti de le faire, car j’ai dû reconnaître d’une part, que les opiacés ne calmaient qu’en partie mes douleurs, de l’autre que j’étais devenu un légume en ce qui concerne mon libido. Je connaissais ces effets théoriquement, car j’ai tourné au cours de ma vie pas mal de films sur la désintoxication des junkies en particuliers.

J’aurais dû me rendre compte que ces médicaments m’avaient pris en otage en ce qui concerne la sexualité. C’était étrange d’autant plus que mes réactions et mes réflexes, après un temps d’adaptation, n’étaient pas concernés. J’arrivais à me concentrer, sinon je n’aurais pas pu écrire ou peindre. Peut-être ce comportement faisait-il partie de mes illusions, je ne le sais pas. Mais j’ai pu apporter la preuve par mes textes que cela est parfaitement possible. Chez moi la prise des opioïdes se traduisit par la perte de ce qui aurait dû m’être le plus cher, des sentiments physiques liés à l’amour. J’en ai mis du temps à m’en apercevoir. C’est la raison pour laquelle je suis entré volontairement dans une période de sevrage, qui a duré près de six mois, et ceci après plus de deux ans de prises de médicaments. Cela n’aurait pas été possible sans un accompagnement psychologique. Si je n’avais pas eu dix ans de psycho-analyse, je ne serais pas arrivé à mes fins. Je sais maintenant ce que cela représente de couper cours aux opiacés. Je suis revenu à la case de départ en ce qui concerne mes maux, mais je n’ai pas d’autre choix, si je ne veux pas mourir comme un être vide, ne ressentant plus rien sensuellement. Donc il fallait faire un choix. Je vais voir si je tiens le cap, si je peux m’arranger définitivement avec cette torture. Mais je sais aussi que c’est le prix à payer pour que je puisse mourir en accord avec moi-même. Je veux en être conscient, de pas ignorer ce qui se passe en m’assénant constamment des coups de massue, me plaçant dans un état comateux, peu digne de l’être humain que je suis !

pm

https://www.nouvelobs.com/monde/20190205.OBS9676/cette-epidemie-d-overdoses-aux-opioides-qui-ravage-l-amerique.html

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