La croisade des populistes en Europe a subi un revers en Pologne. Le parti Droit et Justice (PiS) a perdu des points dans les grandes villes du pays, ce qui était inattendu. Certe la formation de Jaroslaw Kaczynski arrive en tête à l’échelle nationale avec 32,3 % des voix contre la Coalition civique (KO – centre droit) et le parti conservateur paysan PSL, qui réalisent respectivement 24,7 % et 16,6 % des voix. S’ils arrivaient à s’entendre pour les législatives en 2019 et la présidentielle en 2020, elle pourrait regagner la majorité en Pologne. Je considère ces municipales comme un signe positif pour l’avenir. Il faudra voir ce que les élections européennes nous réserveront, mais il est indéniable que quelque chose bouge en ce moment au sein de l’UE. Les citoyens seraient-ils en train de remarquer qu’ils scient la branche sur laquelle ils sont assis et qu’ils se causent ainsi du dommage en soutenant par frustration des partis qui leur font miroiter un avenir meilleur, comme en Italie, mais qui au bout du compte les ruineront ? C’est ce qu’il faudrait faire comprendre aux électeurs un peu partout en Europe. En Pologne les gens commencent à remarquer que la xénophobie, l’exclusion des minorités et l’antisémitisme les mèneront en fin de compte dans un cul de sac. Mais il n’empêche que la racisme a pris de telles dimensions, qu’il sera difficile de revenir en arrière. Je veux prendre comme exemple un fait divers, dont le protagoniste principal a été un ami à Berlin. En se rendant à bicyclette pendant le week-end dernier au stade pour y voir un match, il aperçoit deux femmes qui se battent. Une noiraude et une rousse. Contrairement aux passants qui ne réagissent pas ou qui les incitent à la violence contre « la sale étrangère » qui a osé s’attaquer à une Allemande, mon ami réussi à les séparer. Et tout cela pour une question de priorité ! La police intervint, mais aussi des journalistes du quotidien « Bild », qui ont été alertés par la Syrienne, une étudiante en architecture, arrivent sur les lieux. Ils veulent écrire un article sur le recrudescence du racisme dans la capitale allemande.
Quels sont les liens avec la Pologne ? Il n’y a que 80 kilomètres de là jusqu’à la frontière. Le fait que dans une ville cosmopolite et ouverte aux arts on constate de plus en plus d’incidents analogues, est une signe annonciateur. Le PiS a attisé depuis qu’il détient le pouvoir la haine. La majorité silencieuse commence à se réveiller. Cela a été le cas à Varsovie, où l’on comptait sur un second tour, le candidat de la Coalition civique, Rafal Trzaskowski, gagne avec 54,1 % des voix, loin devant le candidat conservateur Patryk Jaki (30,9 %). Dans d’autres villes, la victoire des candidats libéraux est écrasante, à Lodz (70,1 %) ou à Lublin (59,7 %). Dans les autres villes, les libéraux sont en bonne position pour le second tour. Je pense que c’est un réflexe contre l’intolérance et la dictature d’une formation politique. Ces résultats ont été inattendus et démontrent que l’humanisme reprend peu à peu ses droits en Pologne. Pour moi l’incitation de reprendre espoir, mais aussi de passer à l’action. Je veux espérer que tel retournement de manivelle aura lieu en Allemagne, où la sinistrose paralyse les gens. Un bon augure pour moi en ce matin de la fin octobre !
pm