Lorsque le travail tue, la plupart des personnes concernées ne veulent pas qu’il soit dit, car elles se mettent elles-mêmes sous pression. Elles détruisent souvent leurs liens affectifs, que ce soit dans le couple ou avec leurs enfants, car pour elles la carrière est le seul moyen de se réaliser. Boulot-dodo ! Dans de telles conditions il n’est pas étonnant que le burn-out les guette au détour. La forme des contraintes est multiple. Cela va de la motivation, qui consiste à faire croire « aux collaborateurs » qu’il faut gagner un challenge, à une sorte d’esclavage, fait d’angoisses et d’humiliations. Deux cas qui pour moi sont représentatifs. Martine, après une longue période de creux pour cause de maternité, trouve enfin un emploi dans une agence d’assurances. Le patron lui fait entrevoir qu’elle pourra mener de paire ses obligations familiales et professionnelles. Ce qui n’est pas vrai, car seule une chose compte pour lui, le chiffre d’affaire. Il se montre envers elle généreux, l’invite à des repas, lui fait des cadeaux. Elle se sent obligée d’être le plus efficace possible, car elle sait qu’elle ne retrouvera pas un tel chef. Bref, elle se met sous pression. « Martine, essayez de vous détendre ! » En rentrant chez elle, il faut s’occuper du petit, faire le ménage. Encore quelques heures supplémentaires. Cela la mène à rester au bureau pour ne pas être confrontée constamment aux devoirs ménagers. Au bout du compte : une crise du couple, la rupture, car elle ne se voit plus en mesure de tout faire. Elle tombe malade, a une dépression, puis le divorce.
Deuxième cas : Martin a été soumis à des horaires impossibles par manque d’organisation. 16 heures de travail dans le domaine des soins à domicile. Lorsqu’il s’agit de personnes âgées qu’il faut souvent porter, un tel régime aboutit finalement à l’effondrement mental et physique, à l’incapacité de pouvoir poursuivre un travail pour lequel il s’était engagé. Résultat : le dos cassé, au bout du compte l’invalidité. Aujourd’hui il est au chômage et dans la précarité. Du social qui dévore ceux qui doivent prodiguer les soins, montrer de l’empathie. Les causes du burn-out sont très différentes. Mais une chose est certaine, il est devenu un fait de société qui risque d’avoir des conséquences sociales terribles. Lorsque des employés sont à bout entre 45 et 55 ans, ils tombent à la charge de l’État, car ils ne retrouveront plus de travail. Trop vieux et vulnérables. La durée de vie s’allongeant de plus en plus, il est facile d’analyser ce qui se passe. Des personnes assistées vivant d’un minimum absolu et des soins thérapeutiques qui coûtent les yeux de la tête, le tout par frustration. Au niveau économique cette tranche de personnes est déconnectée. Elle ne consomme plus ce qui est un manque à gagner énorme. Le tout souvent provoqué par un manque de doigté. Ceux qui exercent des pressions psychologiques devraient savoir qu’au bout du compte ils seront les perdants. Un collaborateur frustré ne peut pas être efficace. Ma revendication ! Le métier de chef s’apprend. On ne peut pas l’improviser. La première chose qui compte, c’est d’organiser le temps de travail afin qu’il soit le plus efficace possible. Un horaire fait de labeur et de décontraction. Et surtout éviter l’excès de zèle, qui mène finalement à la paralysie. Non, le travail n’est pas la santé, qu’on se le dise !
pm
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