Ouf… Nous n’avons pas affaire à l’homme de Cro-Magnon dont le nom aurait pu être Groko, mais bien à la formation d’un nouveau gouvernement allemand. Après 5 mois de perturbation, peut-être un retour à la normalité. Le CDU-CSU et le SPD se sont mis d’accord sur un programme et sur la répartition des ministères entre les partis de la coalition. Mais il y a encore un obstacle à surmonter, celui du plébiscite des membres du SPD. 460.000 militants seront appelés à donner leur avis. Il est question d’un feu vert. Comme nous le savons tous, le parti a toujours perdu des plumes lorsqu’il se trouvait dans une telle constellation, même si ses ministres ont effectué du bon travail. Les électeurs considèrent les sociaux-démocrates plutôt comme une formation dont le rôle est de se mettre de travers. C’est à dire de faire partie de l’opposition. Cet avis est si ancré dans les esprits, qu’une grande frange des camarades réagit de même. Ils croient que le SPD ferait mieux de se régénérer dans l’opposition au Bundestag, ce qui est à mon humble avis une illusion. Que puis-je tirer comme conclusion de ce qui s’est passé hier ? Je crois que la sociale-démocratie a été bien servie. Elle obtient les plus importants ministères, comme celui des finances, des affaires étrangères et celui du travail et des affaires sociales. Viennent s’ajouter celui de l’environnement, celui de la famille, celui de la justice et j’en passe. Puis il y a les correctifs au sein même du programme qui dans bien des points est plus social que celui du gouvernement précédent.

Pour une formation qui a subi une très grande défaite le 24 septembre dernier, cela ne pouvait pas mieux marcher. Ce qui est aussi marquant et positif pour Emmanuel Macron, c’est que sa politique européenne sera soutenue par l’Allemagne. La France est expressément citée dans ce contrat de gouvernement. Ceci est un progrès considérable et renforcera l’amitié entre les deux pays et bien sûr aussi l’UE. Pour ma part je suis très satisfait, car je crois que c’est la bonne solution de sauver le SPD. Il aura l’occasion pendant quatre ans de renforcer son profil. En ce qui concerne Madame Merkel, on sent qu’elle arrive au bout de sa carrière. Ce sera effectivement sa dernière législation. 16 ans à la tête de l’Allemagne, il faut le faire ! Je ne peux qu’espérer qu’elle fera tout pour laisser des traces et qu’elle donnera un coup de fouet à l’Allemagne en ce qui concerne son identité. En ce qui concerne l’avenir, il y aura aussi du côté du SPD des modifications notables. Martin Schulz va quitter d’ici peu la tête du parti au profit d’Andrea Nahles, une femme de haute compétence, ayant l’énergie nécessaire de transformer sa formation de fond en comble. Il prendra en contre-partie la tête du ministère des affaires étrangères, ce qui n’est pas du goût de tout le monde parce ce que ce dernier avait déclaré qu’il ne ferait jamais partie d’un gouvernement Merkel. Comme on le voit, si tout devait marcher comme il est prévu, que l’Allemagne sera encore plus au centre-gauche. Mais attention, ce sera la dernière fois qu’il en sera ainsi, si les partis en place ne faisaient pas tout pour évoluer. Le nouveau gouvernement, s’il se forme, n’a pas droit à l’erreur. Sinon il risque de se passer ce qui arrive en Autriche !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/02/07/allemagne-les-principaux-points-de-l-accord-de-coalition_5253302_3214.html

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