J’ai suivi hier sur internet le congrès du SPD, où il serait décidé, s’il fallait ou pas entrer dans des pourparlers avec la CDU/CSU, afin de former un gouvernement de grande coalition. Pendant toute la semaine, les réticences étaient de plus en plus fortes. Les opposants semblaient gagner du terrain. Ils partaient du principe que leur parti devait tout d’abord se régénérer dans l’opposition avant de se lancer dans une telle aventure. Ils ne voulaient pas que les démocrates-sociaux servent de marche-pied à Madame Merkel, afin qu’elle redevienne chancelière. Il est vrai que malgré le très bon travail effectué par ses ministres, le parti n’en a pas profité. Pour une raison que j’ignore, son taux d’acceptation a dégringolé le 24 septembre dernier à 20,5 % des voix, c’était le plus mauvais score depuis la création de la République Fédérale en 1948. Angela Merkel a toujours réussi à tirer la couverture à elle et ceci sans aucun scrupule. Dans les échanges d’opinions qui ont eu lieu hier, qui étaient d’un bon niveau intellectuel, il était question de quelle manière faire accepter une politique sociale et économique, où la situation des plus dépourvus soient prise en compte. Contrairement à ce qui a eu lieu jusqu’à présent, il est d’une importance vitale de combattre avant tout la précarité, aussi celle des classes moyennes et d’éviter à tout prix que des enfants se rendent à l’école le ventre creux. Les uns prétendaient que seule une participation au gouvernement rendait possible de réaliser de telles prérogatives. Les autres étaient d’avis, qu’une opposition forte pourrait inciter un gouvernement minoritaire à prendre les mesures nécessaires. Ce qui m’a frappé c’est d’entendre que pour beaucoup d’orateurs, il en allait tout d’abord de l’état du parti. C’est ce que les adhérents du oui on fait remarquer.

Ces derniers partaient du principe qu’il fallait tout de suite entamer les réformes nécessaires et les appliquer. Les autres voulaient se laisser quatre ans pour réfléchir comment rénover leur parti. Mais ils devaient reconnaître qu’en cas de nouvelles élections, leur formation laisseraient des plumes et pourrait se retrouver dans une situation des plus précaires. Kevin Kühnert, le chef des Jusos, les jeunesses socialistes, prétendit que c’était un risque à prendre pour faire revivre les grands principes du SPD. Il indiqua qu’il valait mieux être un nain ayant un profil net, que de se laisser aller de concessions en concessions. La seule option possible de devenir à l’avenir un géant. Je pense qu’une telle voie est utopique. Qu’elle placerait le parti dans un carcan idéologique, qui au bout du compte l’étoufferait. Il est probable que les citoyens n’accepteraient pas cette manière de voir. Ce que j’ai trouvé positif est qu’il y ait eu un échange de points-de-vue, exposés d’une façon pondérée. On sentait littéralement la tension monter, plus l’heure avançait. Vers 16 heures 30 eut lieu le scrutin. Les adhérents d’une reconduite de la grande coalition récoltèrent 362 voix contre 271, soit 56 %. Un résultat assez restreint, mais malgré tout le soulagement était perceptible dans la salle des congrès. À mon avis on était passé à deux doigts de la catastrophe totale pour l’Allemagne, où les populistes auraient encore gagné du terrain. Au cas où un accord était signé, il faudra convaincre les 440.000 militants de lui donner son aval !

http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/01/21/allemagne-les-sociaux-democrates-approuvent-le-principe-d-une-coalition-avec-merkel_5244864_3214.html

Pierre Mathias

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