Ce sont les chiffres connus des sans-abris morts dans les rues de France en 2017. Mais d’après les expériences faites, leur nombre devrait être six fois plus élevé. Bien que le Président de la République ait promis qu’en fin d’année, il n’y ait pour ainsi dire plus personne devant dormi à la belle étoile, 200000 personnes étaient obligées de passer les nuits dehors, peu importe la température. Et ceci pendant que nous sablons le champagne et mangeons du foie-gras. Cette forme de précarité sera de plus en plus répandue, si la société dévore comme jusqu’à présent les plus faibles d’entre-nous. Et dire que ce phénomène touche de plus en plus les couches moyennes. Les gardes-fous afin de ne pas tomber dans un tel trou existent, mais beaucoup de pauvres ont trop de pudeur de demander de l’aide. Le signe que la précarité est considérée par beaucoup comme une honte. Puis il y a le désarroi de tous ceux qui voudraient aider. Il ne suffit pas de faire l’aumône. Ce n’est pas seulement avec de l’argent qu’il est possible de régler ce problème vieux comme le monde. C’est toute une mentalité qu’il faudrait changer. Mais la solidarité ne se réalise pas à coups de décrets. C’est une attitude générale qui découle d’une certaine peur de se retrouver dans une telle situation. Je suis sûr qu’un grand nombre de gens parmi nous, seraient prêts d’apporter de l’aide, mais on préfère jeter son regard ailleurs. La plus jeune victime du froid a été un bébé de huit mois, la plus âgée avait 81 ans. Je ne sais pas que si on ouvrait plus de foyers, si le nombre des personnes concernées diminuerait.
Lors de mes reportages faits en pleine nuit dans certaines villes, que ce soit en France ou ailleurs, j’ai toujours eu la même réponse. Plutôt mourir que de se rendre dans un tel centre, où l’alcoolisme fait des ravages. Il est question de l’insalubrité de ces lieux, que cela soit l’hygiène ou le comportement des êtres qui s’y rendent. D’après eux une vraie cour des miracles. Et puis il y a le fait, que dans beaucoup d’endroits, on vous met à la rue à 8 heures, peu importe le temps qui fait à l’extérieur. La police, lorsque elle repère des SDF, intervient, mais elle ne peut pas faire plus que de les emmener dans des refuges, mais qu’en sera-t-il le lendemain ? Un vrai puits sans fonds quel que soit le pays, où on se trouve. Je suis en ce moment à Berlin, où le nombre de mendiants est très élevé. Nous nous trouvons environ à 80 kilomètres de la Pologne. Un grand nombre de ressortissants des anciens pays du bloc soviétique croient trouver le paradis en se rendant en Allemagne. C’est loin d’être le cas. Mais malgré l’aversion envers les « gueux », je pense que dans la capitale, l’attitude générale envers la pauvreté est moins rude qu’ailleurs. Le fait d’être pauvre, ne veut pas dire qu’on soit rejeté par la société. Par ma fille j’ai entendu parler d’un grand nombre de personnes sans moyens qui n’ont pas été mis à l’écart. Quelle est la raison de cette attitude ? Tous d’abord le nombre de cas sociaux est très élevé, de l’autre une ville qui a connu de telles affres au cours de l’histoire contemporaine, provoque chez ses habitants un élan de solidarité. Mais cela ne veut pas dire qu’il y ait moins de victimes du froid et de la disette.
pm