Les nationalistes sont arrivés en tête des élections régionales en Corse.: Le président sortant du conseil exécutif de la Corse arrive en tête des élections territoriales avec 45,36 % des voix. En seconde position, la liste de Jean-Martin Mondoloni (droite régionaliste) est créditée de 14,97 % alors que le candidat de La République en marche, Jean-Charles Orsucci, est 4ême avec 11,26% des voix (source : Le Monde). Ils ont pioché aussi bien dans la droite que dans la gauche. J’ai tourné à plusieurs reprises sur l’île de beauté. En particulier dans les milieux proches du FLNC. La coalition « « Pé a Corsica », dont fait partie Gilles Simeoni, va probablement avoir dimanche prochain la majorité simple à l’assemblée territoriale. Les gens avec qui j’ai tourné, certains leaders dont on retrouve le nom de famille dans les formations qui sont actuellement en tête de poupe, ont été assez réalistes pour savoir quelles seraient les conséquences d’un divorce avec Paris. Je ne pense qu’il n’en sera pas différemment à l’heure actuelle. L’exemple de la Catalogne n’est pas forcément attirant. Je crois par contre que les Corses s’acheminent à plus d’autonomie. Les « dissidents » que j’ai rencontrés alors étaient écologistes et refusaient complètement de se faire coloniser par des milieux d’affaires immobilières. C’est la raison pour laquelle l’île a été préservée, ce qui est splendide. Si les nationalistes déclaraient l’indépendance, ils devraient ouvrir la porte au capital, ce qui correspondrait à une sorte ce colonialisme. Les Corses s’en tirent mieux à l’heure actuelle, en faisant partie de la France. À part les têtes chaudes, les militants des diverses tendances du nationalisme l’ont bien compris. Pour tenir le coup en coupant les liens avec la métropole, il faudrait industrialiser la Corse à outrance, ce que personne ne souhaite.

L’exemple de la Catalogne a été jusqu’à présent assez inquiétant et ne peut qu’apporter du désordre. Les vainqueurs des élections mettront plutôt sous pression Emmanuel Macron, afin qu’il entame des négociations avec eux afin de donner un nouveau statut à la Corse. Ce qui est assez satisfaisant par rapport aux années 90, où j’ai tourné mes films, c’est qu’il n’y a plus de guerre entre eux. Beaucoup de citoyens ont perdu leur vie dans des attentats. Il semble que les nationalistes dans leur majorité ont accepté de jouer le rôle de la démocratie. Ils sont capables de régler leurs affaires à l’Assemblée régionale, sans se terrer dans la clandestinité. J’ai rencontré alors un groupe armé du FLNC, cagoules sur têtes et équipé de Kalachnikovs. Ils combattaient moins l’armée ou la police nationale, que de se livrer à des commandos ravageurs entre eux. Ce qui leur fut fatal. Je trouve le fait qu’ils demandent à Paris de tenir plus compte du particularisme de l’île, sans pour autant employer les armes, est un fait positif. Je ne sais pas comment ils se sont arrangés, mais une chose était certaine : il y avait peu de familles engagées dans cette lutte, où il n’y eut pas à déplorer de victimes. Et comme la mentalité de la vendetta est solidement ancrée dans les caractères, il a été des plus ardus d’enterrer la hache de guerre. Il n’est pas étonnant que dans cette ambiance il soit plus facile de discuter avec le gouvernement. Ce score est dû au leader autonomiste Gilles Simeoni qui a gagné en crédibilité. Un Obama corse en quelque sorte qui est assez pragmatique.

https://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20171201.OBS8295/elections-en-corse-les-nationalistes-brassent-a-droite-a-gauche-chez-le-fn.html

Pierre Mathias

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