Le Louvre a jeté son ancre à Abu Dhabi. Emmanuel Macron va inaugurer demain le nouveau musée conçu par Jean Nouvel. 600 œuvres, dont la moitié prêtés par la maison-mère, y sont exposées. Mohamed Khalifa Al Mubarak, le jeune ministre de la culture et du tourisme de l’émirat est fier qu’un Léonard de Vinci, un Monet, un Rothko, un Jackson Pollock, un Van Gogh, ainsi que des objets d’arts de l’islam, des antiquités chinoises ou japonaises puissent être montrées à partir de samedi aux amateurs d’arts. Ce qui caractérise la France est qu’elle considère la culture comme sa meilleures ambassadrice. Je ne connais aucun pays dans le monde, qui met à contribution à ce point l’art dans sa politique étrangère et j’en suis fier. Il est un trait d’union qui a pour but de rapprocher les hommes. Il ne se prête pas à la polémique, mais s’adresse à la sensibilité de tous. Il a le pouvoir de rendre les frontières plus perméables, non pas pour faire passer des terroristes, mais pour unir les hommes et les femmes de bonne volonté. Il contribue à sa manière à donner voie au dialogue. Nous verrons ce que le projet d’Abu Dhabi aura pour conséquences dans la péninsule arabe. Il ne serait pas honnête de ma part d’ignorer les raisons économiques qui ont poussé les politiciens à faire ce geste. Il ne l’aurait probablement pas fait pour le Mali par exemple. Mais pour être juste, il ne faut pas oublier ce que fait la France pour la sauvegarde des patrimoines, aussi en Afrique. Le musée est aussi une réponse politique de taille aux dévastateurs de la culture, comme le sont les terroristes de l’EI. Le but escompté est de démontrer, que l’islam peut accepter l’art, tant qu’Allah ne serve pas de modèle à un peintre. Vouloir prouver théologiquement que le Coran dans son ensemble est opposé à la culture, est une absurdité qu’il faut contrer par tous les moyens disponibles.

En ce qui concerne le Louvre d’Abu Dhabi, c’est une réponse fulgurante à l’obscurantisme. Je sais, vous me répondrez que tout cela n’est que de la promotion pour des pays non-démocratiques, où les droits de l’homme sont souvent bafoués. Je suis obligé de vous donner raison. Mais peut-être que l’art est aussi un moyen de réflexion pour des nations, où l’arbitraire est de mise. J’ai bien réfléchi avant d’écrire ces lignes quelle attitude je devais adopter et suis arrivé à la conclusion que tout ce qui peut amener un peu plus de liberté, devait être mis en route. Peut-on comparer ce geste au championnat de football qui se déroulera au Qatar en 2022 ? C’est aussi une grande opération de PR. Je ne le crois pas. Il n’y a pas de nouvelles que les ouvriers qui ont construit le musée aient été traité comme des esclaves, que l’émirat ait graissé la patte de la France, comme cela a été le cas du Qatar au profit de la FIFA. J’espère ne pas me tromper en prétendant cela. Aï, aï, aï, je suis en train de m’embourber à cause de mon enthousiasme pour Jean Nouvel et les peintures exposées. Pour avoir le droit de porter le nom du musée du Louvre, l’émirat devra débourser 400 millions d’euro en 30 ans. Et si cela n’est pas du business ? Je crains que tout soit du même gabarit. Une manière de redorer le blason d’un système politique obsolète, comme le fait une fois de plus le Qatar avec le PSG ! Parfois j’en ai marre de trop savoir. Mieux être naïf ou bien ?

pm

https://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20171107.OBS7076/louvre-abu-dhabi-le-projet-culturel-le-plus-ambitieux-du-xxie-siecle.html

Pierre Mathias

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