Le gouvernement a organisé ce dimanche un séminaire, qui avait pour but de faire un bilan de la rentrée. Les attaques contre le pouvoir, prétendant qu’il n’avait seulement un cœur pour les riches, a choqué le premier-ministre, qui a marqué sa volonté de repousser de telles critiques, en voulant redoubler d’énergie pour « mieux vendre son action sociale ». Il a dû avoir vent d’une analyse qui vient d’avoir été faite en Allemagne, où les électeurs de l’AfD ont été pris sous une loupe. Dans bien des cas ce sont des orphelins de la gauche, des personnes se sentant injustement traitées. Il est question de la précarité et du mépris qu’on leur porte soi-disant. Le discours xénophobe de l’extrême-droite est venu à point-nommé. On leur a nommé « les vrais responsables » de leur misère : les étrangers. Au lieu de cracher du venin sur ceux qui les ont exploités, il est plus facile d’humilier plus faibles qu’eux. Une attitude qui a déjà eu lieu dans le passé. Malgré les progrès effectués par la coalition CDU/CSU/SPD, il y a encore un grand chemin à faire. Je doute qu’il ne suffit pas de leur donner du miel comme à un ours, pour les attirer à nouveau dans leur giron. Ce problème est identique en France, où bien des travailleurs et des chômeurs votent pour le FN, qui a fait un meilleur score que « La France insoumise » qui devrait être le réservoir naturel des mécontents. Il est évident qu’Emmanuel Macron, s’il veut gagner son pari, devra convaincre les classes populaires de sa bonne foi. Sinon les réformes échoueront. Et dans ce cas-là le FN se léchera les babines. Sans pour autant se renier, il faut que le gouvernement rétablisse l’équilibre. Ce n’est pas un exercice facile, d’autant plus que la gauche modérée a été laminée, un peu plus en France, un peu moins en Allemagne. Depuis la dernière guerre mondiale c’est elle que jouait le rôle de régulatrice. Maintenant il n’y a plus que le populisme qui semble attirer les prolétaires, qu’il soit de gauche ou de droite.

Si la classe politique ne réussit pas à rééquilibrer la situation, nous pourrions aller au-devant de tensions qui pourraient ébranler tout notre système démocratique. Les gens n’en sont pas conscients, lorsqu’ils disent plébisciter des dirigeants qui prônent un certain totalitarisme. Ils leur accordent une confiance, qu’ils ne méritent pas, car leur « langage populiste » n’a qu’un but, celui de les manipuler afin de s’emparer du pouvoir. Et c’est justement là qu’il y a eu manque de pédagogie de la part des syndicats de part et d’autre du Rhin. En promulguant « la guerre des classes » notamment en France, les organisations ouvrières n’ont pas assez attiré l’attention sur la tactique de récupération des néo-fascistes. Lorsque j’avais été fonctionnaire bénévole de notre syndicat des médias en Allemagne, j’aurais dû remarquer qu’il y avait un manque de formation politique en ce qui concerne les collègues. Je pense que nos organisations respectives ont été en quelque sorte les porteurs d’eau, sans le vouloir, des partis extrémistes. Nous étions trop préoccupés par le présent pour vraiment prendre en compte l’avenir. Je pense que le Président de la République en est parfaitement conscient et c’est la raison pour laquelle il exige du gouvernement de mettre ces prochains mois le social au premier plan. J’espère qu’il réussira où les syndicats ont échoué !

pm

http://www.lemonde.fr/gouvernement-philippe/article/2017/10/08/edouard-philippe-reunit-le-gouvernement-a-matignon_5197885_5129180.html

Pierre Mathias

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