Hier a eu lieu la journée nationale consacrée aux proches de personnes dépendantes. Lorsqu’un conjoint devient handicapé, il est du devoir de sa femme ou de son mari de s’en occuper. Facile à dire, très difficile à réaliser, lorsqu’il s’agit de maladies mentales comme l’Alzheimer ou la démence. Mais aussi pour tous ceux qui sont paralysés. Il est très pénible pour ceux qui sont concernés, de voir le cheminement de la déchéance, de l’accepter comme telle. D’un autre de s’organiser. Lorsque le couple est encore intacte, tout au moins en ce qui concerne les sentiments réciproques, il y a motivation de faire quelque chose. C’est bien plus difficile dans les cas, où la maladie a un tel point modifié le caractère, que les handicapés sont devenus des étrangers. L’aspect financier joue ici aussi un rôle déterminant. Placer quelqu’un dans un établissement spécialisé coûte une fortune. Malgré les réticences bien des personnes sont soignées à domicile. Si on additionne les coûts économisés par les assurances ou l’État, cela monte à des milliards. Le gros problème est le manque d’aide efficace venant de l’extérieur. Hier j’ai entendu à la radio le cas d’un fils qui a pris en charge ses parents atteints d’Alzheimer. 24 heures sur 24 il doit ‚en occuper. Même la nuit, où ils le réveillent maintes fois. Cet homme s’est arrêté de travailler, car il n’aurait pas le temps d’être auprès de ses parents. Il a raconté qu’il était seul et que cela était plus que pénible pour lui d’être confronté à des personnes avec qui il ne pouvait pas partager ses soucis, ses peurs. Sa mère vient se blottir contre lui et lui prend la main. Ceci pendant des heures. Il dit bien qu’il l’a redécouverte mais à quel prix !
Dans le cas qui me préoccupe, cet homme n’a aucun répit, pas de moyens de se régénérer. Je me demande comment il arrive à survivre dans de telles conditions. Au cours de l’émission il a été dit, que ces conjoints ou enfants devraient avoir les moyens de reprendre leur souffle. Il y a bien des institutions qui peuvent prendre en charge de telles missions, mais leur nombre est très limité. Et chaque fois il y a la question épineuse du financement. Comme je l’ai dit, ces soins à domicile demandent une attention constante. Il est, à part quelques cas exceptionnels, où les aidants ont des professions libérales, guère possible d’avoir des revenus professionnels. En plus de la charge physique et morale, viennent s’ajouter les soucis de la précarité. Dans le cas évoqué sur les ondes, le couple a dû être hospitalisé. Chaque être sensé devrait se dire : « C’est au moins un temps de répit ! ». Ce n’est pas le cas, car ces établissements sont très réticents en ce qui concerne les soins à apporter à des personnes qui n’ont plus leur tête. Ils exigent de ce fils qu’il passe des heures auprès de ses parents. Comme ils sont placés dans deux hôpitaux différents, il n’est pas nécessaire de dresser le tableau. Dans mon cas et de celui de ma femme, on nous a refusé une aide-ménagère. Pourtant Monique a de la peine à se mouvoir. Et moi ? J’arrive à peine à assumer les achats et les travaux ménagers. Pourtant nous payons depuis des décennies des assurances-soins. Je pense qu’il serait dans l’intérêt de tous d’être plus flexible. On en est loin !
pm