Même si Angela Merkel a dit devant les jeunes de son parti qu’elle souhaitait qu’un gouvernement de coalition puisse se former avec les Verts et le FDP, ce ne sont pour l’instant que des vœux pieux. Avec 33% des voix la chancelière se trouve devant une situation complexe, car elle aussi est, au même titre que le SPD, est une grande perdante des élections législatives. Elle part dans les négociations dans un état de faiblesse, ce qui ne laisse rien présager de bon. Il y a d’abord le parti-frère, le CSU, qui aimerait faire un net virement à droite, afin de recouvrer ses anciens électeurs, qui ont voté AfD. Ses dirigeants veulent colmater la brèche en faisant du clientélisme. Il est à prévoir que les démocrates chrétiens bavarois reprendront certaines thèses de l’extrême-droite, ce qui ne présage rien de bon. Ils s’opposent aux tendances sociales-démocrates du CDU. Tant que cette formation ne parlera pas d’une même voix, tout début de négociations avec les Verts et le FDP est impossible. Cela pourrait durer. Parallèlement il s’agirait de mettre sous un même toit des partis aux visées diamétralement différentes, ce qui promet des joutes épiques. Même si l’issue des pourparlers est à première vue improbable, je pense qu’au bout du compte il y aura une coalition du nom de Jamaïque, nommée ainsi à cause des couleurs du drapeau : le noir, le vert et le jaune. Il ne pourra pas en être autrement, car le SPD a l’intention de se refaire une santé dans l’opposition.

Il est pour le plus vieux parti d’Allemagne, plus de 150 ans, nécessaire de refonder complètement ses visées politiques, de les adapter au monde d’aujourd’hui. Il faudra avant tout redéfinir qui sont les personnes qu’il veut toucher, sa clientèle d’antan ayant passé aujourd’hui à l’extrême-gauche et à l’AfD. Dans l’état actuel, le SPD n’est plus la formation des ouvriers et des petits employés. Ce sont plutôt les jeunes cadres libéraux et certains intellectuels qui servent de base actuellement, ce qui n’est pas suffisant pour redevenir le grand parti populaire qu’il a été. Il devra virer à gauche afin de se retrouver. Comme on le voit, l’ensemble du paysage politique de la République Fédérale est en pleine mutation. Ce qui se passe actuellement à Berlin n’est pas un signe de stabilité. Je pense qu’une coalition Jamaïque aura énormément de mal à perdurer tout au long des quatre années prochaines, et si oui, cela sera de la stagnation dont profiteront les populistes de l’AfD. Des perspectives sombres pour la première économie de l’UE. Même comme adhérent du SPD, je ne peux pas me réjouir d’une telle situation. Il est évident que mon parti ne pourra pas faire seulement de l’obstruction. Il devra, qu’il le veuille ou non, ménager Angela Merkel, ce qui politiquement parlant, lui coupe l’herbe sous les pieds. Il en va avant tout de freiner la vague brune que nous connaissons actuellement. Tout cela met les gens autour de moi, quelle que soit leur couleur, dans un état dépressif. Ils voient plus que jamais, qu’une dérive droitière pourrait devenir réalité. Ils sont angoissés de voir que les démons du passé réémergent à nouveau. Une situation inquiétante pour un peuple ayant un cruel besoin de sûreté. Ce n’est pas la chancelière qui pourra changer quoi que ce soit !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/10/07/angela-merkel-souhaite-une-coalition-avec-les-liberaux-et-les-verts_5197757_3214.html

Pierre Mathias

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