Comme ancien syndicaliste j’étais membre du comité de notre section d’entreprise à la radio-télévision bavaroise, une chaîne du service public ARD. Nous avions bien des références de base prenant en compte les autres accords conclus dans notre branche, mais c’était aux partenaires sociaux de notre entreprise à négocier les modalités qui concernaient environ 5000 à 6000 employés et pigistes situés à Munich et à Nuremberg avant tout. Nous avions la liberté de négocier nos revendications en prenant compte la situation régionale. Cela concernait tout aussi bien les salaires et les cachets des intermittents, des arrangements à trouver avec les prestataires comme des maison de production, ceci avant tout en ce qui concerne les droits d’auteurs. C’est la méthode préconisée par le Chef de l’État, que je trouve bonne, l’ayant pratiquée. Mais attention ! Elle ne peut que fonctionner si le syndicat à du poids. Pour que le code du travail fonctionne vraiment, il faudra un engagement accru des représentants du personnel. Et aussi de la transparence ! Avant toutes négociations nous avons eu accès aux dossiers financiers de l’entreprise, à son plan d’investissement pour les prochaines années, aux budgets des différents services ainsi qu’un business-plan. Dans l’équipe syndicale nous avions des économistes, des juristes, des spécialistes de l’audiovisuel, des rédacteurs et des techniciens. Nous étions en mesure de faire une analyse pointue de la situation et d’argumenter d’une manière professionnelle. Cela concernait aussi les retraites et les rentes d’entreprise. Parmi nous, nous avions un camarade d’une compétence dépassant de loin notre cadre régional. Ses propositions ont été reprises au niveau national.

Nous étions même en mesure de mettre en route une réforme des droits d’auteur, un domaine très compliqué. Je faisais partie de cette commission, ce qui m’a aidé pas la suite à mettre sur pieds des projets internationaux avec l’UER ( Eurovision). Je pense que la proposition d’Emmanuel Macron pourrait être une chance pour les syndicats de devenir plus efficaces. Et pour le patronat de trouver des partenaires qu’ils ne pourront pas mener par le bout du nez. Une chose est claire, une économie moderne ne peut que fonctionner avec de telles prémisses. Cela explique aussi pourquoi l’Allemagne fonctionne aussi bien. Mais dans tout cela il y aussi un revers. En prenant trop en compte les questions de gestion, de marché et de concurrence, les syndicats ont été dans certains cas trop indulgents ce qui a déclenché des grèves. Mais on est loin de la lutte des classes. Une chose est certaine, nous étions conscient qu’il ne fallait pas scier la branche sur laquelle nous étions assis. Toutes nos décisions ont aussi été prises dans le cadre de l’économie nationale et européenne. Nous étions en relation étroite avec notre centrale syndicale à Berlin, qui nous donna les arguments nécessaires pour justifier nos revendications et ceci dans un cadre global. Un centre d’étude était à notre disposition. Il est évident qu’en travaillant de la sorte, il y a une évolution, une responsabilité dépassant souvent le cadre de l’entreprise. Une coopération très étroite expliquant le boom allemand.

pm

http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/05/23/reforme-du-code-du-travail-les-ordonnances-ne-sont-pas-une-procedure-antidemocratique_5132785_823448.html

Pierre Mathias

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