Recep Tayyid Erdoğan est passé maître de la manipulation populiste. Mesdames Le Pen et Petry, prenez-en de la graine ! Il suffit de trouver un ennemi, dans son cas ce sont les démocraties européennes qui ne voient pas avec un grand plaisir qu’on les traite de nazis, par le seul fait qu’un autocrate turc se permette de faire une campagne dans leurs pays respectifs. D’après l’article 94/A de la loi électorale turque, il est interdit d’organiser des meetings en-dehors des frontières nationales. Mais lorsqu’on se nomme Erdoğan, on est au-dessus de tout cela. La justice ? On l’accepte seulement lorsqu’elle vous tresse des couronnes de laurier. Il est indéniable qu’avec la campagne de dénigrement qu’il mène, il rassemble des foules derrière lui ; même l’opposition critique notre attitude anti-turque. Le faux patriotisme mène à de tels revirements. En tous les cas, chaque interdiction amène de l’eau à son moulin. Au niveau tactique l’événement des Pays-Bas, où le ministre des affaires étrangères n’a pas eu la permission d’atterrir, n’a pas été bénéfique pour tous ceux qui sont emprisonnés dans les geôles turques. Et pourquoi ? Parce que nos pays devraient poser des conditions. Oui à des réunions mais à condition de libérer les personnes que le gouvernement et les tribunaux jettent en prison, pour des soi-disant délits d’opinion. On ne peut pas clamer haut et fort qu’on est pour la liberté d’expression et d’autre part renvoyer des réunions pour des raisons futiles. Dans ce cas il faudrait être aussi dur avec les néonazis qui ont malheureusement souvent pignon sur rue. Tant qu’il n’y a pas de lois interdisant de faire de la politique ailleurs que dans sa propre nation, il faut accepter de tels meetings. Pour ma part je soutiens que cela se passe ainsi pour la raison suivante : Si des personnes réfugiées à l’étranger pour des raisons politiques devaient se taire, cela serait néfaste.

Je me souviens des réunions organisées à Munich au lendemain des attentats de Paris. Elles ont eu lieu dans la rue ! Je trouvais bien que bon nombre d’Allemands soient solidaires avec leurs amis français. Où que les drapeaux aient été en berne après la mort de François Mitterrand. Il est aussi permis pour les ressortissants étrangers de s’organiser politiquement. Le PS, par exemple, à des sections un peu partout dans le monde. Ce n’est pas sans raison qu’il y a des sénateurs et des députés des Français de l’étranger. N’oublions pas que cela peut être un avantage en ce qui concerne les relations bilatérales. Mais ce n’est pas la démarche du président turc. Il joue avec la provocation afin de gagner plus de pleins pouvoirs. Avec le principe de lès-majesté il est possible de créer un terrain propice. Et si Erdoğan évoque le nazisme, il ferait bien de se rappeler qu‘ Adolf Hitler a déclencher la seconde guerre mondiale en parlant d’ennemis qui n’avaient qu’un but, celui d’attaquer le Reich. Et dire que des millions d’Allemands ont gobé de telles sornettes. C’est la raison pour laquelle je refuse de voir partout des ennemis. Cela mène immanquablement à la ratonnade, qu’elle soit physique ou non. Une attitude dont le populisme n’est pas dépourvu.

pm

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/03/11/caricature-de-macron-fillon-denonce-un-dessin-antisemite-et-demande-des-sanctions_5093181_4854003.html

Pierre Mathias

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