La justice semble vouloir mettre François Fillon en examen à cause du Penelope-Gate. Elle ne fait que son travail. Lorsque le prévenu parle d’un assassinat politique, il la salit. Je peux comprendre sa colère, mais il ne peut que s’en prendre à lui-même. En voulant passer pour Monsieur Propre, il s’est mis dans une situation précaire à cause de son avidité. Lorsque nombre de Français ne savent pas comment boucler leurs fins de mois, un tel comportement ne peut pas susciter de la joie. Ce n’est pas en remettant en cause l’état-de-droit qu’il se forge une légitimité en ce qui concerne la présidence. La liberté de la justice fait partie intégrante de la démocratie. Même si ses décisions peuvent faire mal, il faut la respecter. Je peux bien comprendre son désarroi. Être attrapé ainsi la main dans le sac est douloureux. Mais il n’y a pas lieu de fustiger de telles actions en prétendant que les juges veulent influencer les élections. C’est le même langage que Marine Le Pen. Dans de telles conditions je me demande si son volontarisme de vouloir continuer sa campagne n’est pas un suicide ? Peut-être que je m’agripperais aussi, mais est-ce dans l’intérêt de la nation ? Ce qui est humainement compréhensible ne l’est pas forcément au niveau de la gouvernance d’un État. Le pardon en politique est une opération de longue haleine. Alain Juppé peut en dire un mot.

Je ne vois pas comment en peu de semaines il pourrait effacer les critiques à son sujet. Je trouverais plus probe qu’il renonce à sa candidature. Je sais, c’est un désastre pour la droite conservative, mais y-a-t-il vraiment une autre solution ? Même en étant de gauche, je regrette qu’il en soit venu là. J’aurais préféré que les joutes électorales se résument aux propositions, non pas à des affaires nauséabondes, où le FN est aussi imbriqué. François Fillon est soumis à des défections dans ses propres rangs, ce qui l’affaiblit encore. Mais je pense que personne ne pourra le forcer de partir. Je peux très bien m’imaginer la colère qui doit régner au sein de son parti. Une fois de plus on pourrait regretter que la marche des affaires soit trop liée à des personnes. Il en va en premier lieu du contenu d’une politique, qui devrait avoir la priorité absolue. C’est elle le critère, non les agissements d’individus. Mais en on n’est pas là. Chaque candidat est redevable de son comportement. Il est une personne publique qui représente un courant d’idées. Cela ne doit pas être lui qui incarne le pouvoir, mais son programme. Je sais que c’est une vue utopique de ce que devrait être pour moi l’avenir de la politique. Cela impliquerait pour y arriver que le citoyen s’engage bien plus dans l’élaboration de nouvelles options concernant sa vie quotidienne. La dépendance par rapport aux leaders que nous vivons actuellement est étouffante et paralyse le progrès. Sans vouloir vanter trop le pragmatisme, je pense qu’une dose accrue ne pourrait pas faire de mal. Toutes les émotions autour de François Fillon faussent le message d’une formation politique qui se considère avec raison comme faisant partie intégrante de notre système. La raison pour laquelle cette formation devrait inciter son patron à prendre son chapeau. C’est cruel mais comment pourrait-il en être autrement ?

pm

http://www.lemonde.fr/affaire-penelope-fillon/video/2017/03/01/pour-francois-fillon-les-quinze-prochains-jours-seront-dramatiques-et-decisifs_5087737_5070021.html

Pierre Mathias

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