Deux conceptions de la gauche s’affrontent depuis hier entre l’Allemagne et la France. D’une part Matin Schulz a été nommé candidat à la présidence du SPD, de l’autre Benoît Hamon a été triomphalement élu pour se présenter pour le PS à la présidentielle. L’un est de l’aile-droite de la social-démocratie, l’autre fait franchement partie de l’aile gauche du socialisme français. Deux options différentes. L’une est plutôt pragmatique. Elle jauge les chances des prétendants. Il s’agit avant tout d’un calcul électoral, sans pour autant renier les grandes lignes de la gauche, de l’autre un certain romantisme gauchiste, qui ne tient pas compte des aspects extérieurs, comme ceux de se garder les plus grandes chances d’arriver à un but, aussi utopique qu’il puisse paraître. Benoît Hamon sait parfaitement qu’il ne pourra pas pour l’instant imposer ses idées chez les citoyens. Il semble vouloir donner un nouveau profil aux socialistes, qui par opportunisme s’étaient fourvoyés au centre et ne savaient plus juste où ils se situaient. Électoralement c’est probablement la plus mauvais décision qu’on pouvait prendre. Pour le parti le recours à plus d’identité. Martin Schulz quant à lui est tout autre chose qu’un idéologue. Il cherche plutôt avec les moyens de l’empathie à gagner les cœurs. Pour lui toute action efficace pour le SPD passe par le pouvoir. Afin de toucher le maximum de gens, il doit se départir de tout carcan dogmatique qui ferait effet de boomerang. Deux hommes très différents que ce soit dans leur manière de voir le monde et d’exprimer leurs fors intérieur. Si vous voulez avoir mon avis, bien qu’ayant été plutôt à gauche du spectre politique du parti, je ne peux plus qu’être réaliste. Dans les deux pays il s’agit avant tout de faire barrage contre l’extrême-droite et pour ce faire il faut avoir des chances de succès. Benoît Hamon n’atteindra probablement pas le second tour.

Le PS menace de s’écrouler sur le terrain des réalités. Si on veut faire un tel choix, sa nomination ne peut que précipiter plus profondément le parti dans des zones d’où il n’est pas possible de se remettre. Paradoxalement il y a des éléments de son programme auquel je peux souscrire, mais c’est plutôt une gymnastique de l’esprit. Hamon sera le grand perdant en avril et c’est justement là que je vois un très grand problème pour la gauche en général. Ne nous faisons pas d’illusions, après le Penelope-gate et les cafouillage au PS, il faudra trouver la personne la mieux placée pour battre Madame Le Pen. Seul Emmanuel Macron pourrait être en situation de le faire. Mêmes si certaines de ses idées sont plutôt teintées de libéralisme économique, je ne peux que faire appel à lui afin d’éviter le pire. Martin Schulz quant à lui se trouve à mon avis très près du jeune ex-banquier et énarque. La France a besoin d’un répit afin de redémarrer. Elle ne peut pas se permettre d’être tiraillée idéologiquement, c’est tout au moins trop tôt. La lucidité commande de toucher le plus grand nombre de gens. Monsieur Schulz en a les moyens en jetant toute théorie par dessus bord. Son but affiché est de combattre la AfD. Benoît Hamon est dans cette situation précise une bénédiction pour le FN. Cela me laisse pantois !

pm

http://www.lemonde.fr/primaire-de-la-gauche/article/2017/01/29/primaire-a-gauche-les-trois-defis-qui-attendent-benoit-hamon_5071055_5008374.html

Pierre Mathias

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