Le geste de Sigmar Gabriel de quitter la tête du SPD et de donner à Martin Schulz la possibilité de briguer ainsi la tête de liste aux prochaines élections législatives, est un geste appréciable. Il n’a pas voulu mettre le parti dans l’embarras. Avec 20% de voix, cette grande formation populaire est au plus bas dans les sondages. Ce serait un record historique. 15 points de différence avec Madame Merkel ! Et ceci même avec un très bon travail gouvernemental. Sigmar Gabriel, malgré ses qualités, était le mal aimé. Il était assez intelligent pour se rendre compte, qu’avec son nom il entraînerait le parti dans un abîme, où il se remettrait difficilement. Il ne serait pas correct de tirer des parallèles avec ce qui se passe actuellement avec le PS. Certes il y a la question fondamentale du pragmatisme de la gauche en général. Le déplacement idéologique au centre lui cause des problèmes identitaires, d’autan plus que la Chancelière n’est pas si éloignée de la social-démocratie. Elle empiète aussi dans le social, ce qui normalement serait du ressort du SPD. L’électeur a du mal à y voir une ligne de démarcation. Avec la nomination de Martin Schulz, il n’en sera pas différemment, avec la seule différence, qu’il est particulièrement apprécié par les allemands. Son action comme président du parlement européen, a démontré qu’il a du courage et peut saisir le taureau par les cornes. Ce sera sa personnalité qui pourrait faire tilt, non pas le programme de son parti, qui à l’heure actuelle est absolument cohérent. Une fois de plus la preuve que l’homme ou la femme comptent, bien moins les déclarations d’intention.
Le but de la sociale-démocratie serait de pouvoir prendre la relève en s’alliant par exemple avec les Verts et Die Linke. Pour l’instant cela n’est pas possible, parce que la gauche dure et pure a des revendications, particulièrement irréversibles en politique étrangère, qui ne sont pas compatibles avec les vues du SPD. Il ne pourra jamais soutenir un départ de l’OTAN ou une attitude bien plus restrictive pas rapport à l’UE. Puis il y a aussi les relents de l’histoire. Ce parti est encore toujours considéré par un grand nombre de citoyens comme étant l’héritier historique de la RDA. Le fossé n’a pas encore été comblé, malgré tous les efforts entrepris. Un secrétaire d’État du Land de Berlin a dû prendre son chapeau, parce qu’il a été pour quelques mois un fonctionnaire du Stasi. Je pense que Martin Schulz fera tout pour ne pas entrer dans un tel guêpier. Je ne vois à l’heure actuelle que deux possibilités pour le SPD, qui ne dépassera pas dans la situation actuelle le CDU-CSU. Ou il accepte de redevenir le partenaire d’une grande coalition comme nous la connaissons actuellement, ou il ira dans l’opposition. Je ne pense pas qu’il y ait d’autres alternatives à moins qu’il y ait un ras-de-marée permettant au SPD et aux Verts de former un gouvernement. Mais il ne faut pas rêver. Depuis que le parti d’extrême-droite allemand, le AfD bouscule tout l’équilibre politique, on le taxe à l’heure actuelle entre 13 et 15%, il n’y a guère plus d’alternatives. Le but de la campagne électorale serait de l’affaiblir, mais je n’y crois pas trop !
pm