Au cours du débat entre les candidats à la primaire de la gauche, le problème de l’accueil des réfugiés a été abordé. Manuel Valls s’est trouvé dans le collimateur de la critique, car aux yeux de ses adversaires, le gouvernement dont il était le chef s’est conduit d’une manière très mesquine en réduisant à un nombre ridicule le droit d’asile aux migrants. 85 000 personne en fait leur demande en 2016. À côté des 350 000 personnes assassinées par le régime de Bachar Al-Assad et les millions qui ont été forcés de prendre la route, ce chiffre est dérisoire. Et ceci en premier lieu à cause de la pression exercée par la droite et l’extrême-droite. Il est évident que des valeurs mêmes du socialisme démocratique ont été ignorées ainsi. Le droit d’asile est un devoir absolu qui ne peut être discuté. C’est tout du moins l’avis d’Angela Merkel qui a reçu en Allemagne près d’un million et demi de traqués en 2015/2016. Cela a donné outre-Rhin du regain aux extrémistes de droite. Donald Trump a très durement critiqué la chancelière dans une interview qui paraît aujourd’hui dans le quotidien de masse « Bild » en ce qui concerne la migration. Il a mis en parallèle l’attentat de Berlin et son action. Il est évident que pour un personnage comme lui de comprendre ce que l’étique représente en politique est inatteignable. Même si les chiffres ont été pour certains titanesques, je soulève mon chapeau en ce qui concerne l’attitude de Madame Merkel. Ce geste à redonné à l’Allemagne sa dignité. Et comme je l’ai relaté il y a quelques jours, malgré l’ouverture des frontières il y a deux ans, l’économie allemande a profité de cette action. En France une majorité de citoyens approuve la politique restrictive du gouvernement et voudrait même qu’on ramène aux frontières bon nombre d’étrangers.

Manuel Valls, connaissant parfaitement les sentiments de la majorité des citoyens, n’a pas voulu les brusquer, craignant créer ainsi une vague de refus. Il doit se rendre aujourd’hui à l’évidence que de jouer le chien couché ne lui a servi à rien. Je pense que le principal reproche qui est fait à la gauche, c’est d’avoir abandonné par opportunisme les principes de solidarité qui font partie de son humanisme. La raison pour laquelle Benoît Hamon ou Vincent Peillon essaient de ramer à contre-courant. Ils savent qu’ils se causent ainsi du tort en ce qui concerne l’opinion publique, mais au moins ils ne perdent pas la face. Cet exemple douloureux démontre bien dans quelle situation schizophrène se trouve la gauche. Pour des raisons électorales elle a largué un grand nombre de principes qui dans le passé lui avait donné sa raison d’être. Maintenant c’est un désastre, dont le PS ne se remettra pas. Je ne peux que saluer l’attitude des candidats qui s’opposent à la politique menée par Manuel Valls lorsqu’il était premier ministre. Tout en nageant à contre-courant, ils essaient au dernier moment de sauver l’honneur de la gauche. Au point où elle en est, toute initiative allant dans ce sens, doit être saluée. J’émets le souhait qu’il y ait un rebond, même si cela lui coupe l’herbe sous les pieds. Qu’est-elle sans empathie ? Rien ! Je pense que la campagne qui est actuellement menée accentue ces disparités. Perdre avec la tête haute, c’est sa seule alternative !

pm

http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2017/01/15/primaire-a-gauche-tous-les-candidats-opposes-a-la-politique-migratoire-de-valls_5063084_1654200.html

Pierre Mathias

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