Deux tendances du catholicisme s’affrontent en France. Celle plutôt traditionnelle prétendant avoir ses sources dans l’identité nationale, remontant au temps de la monarchie. L’autre ouverte au monde actuel, celle du Pape François, l’apôtre d’une église non conquérante qui se trouve proche des plus déshérités et pour qui l’accueil de réfugiés est le fondement même de l’amour du prochain. Lorsqu’on observe ce qui se passe, on s’aperçoit rapidement qu’il y a des années lumières entre ces deux expressions de la foi. Le Pape est tout le contraire d’un nationaliste. Il prône la solidarité entre les hommes de toutes couleurs, de toutes origines, de toutes religions. Il va au devant des femmes et des hommes sans avoir d’à priori. Il considère que la charité est le fondement même de l’Évangile, la raison pour laquelle il ne peut pas envisager une autre interprétation du catholicisme. C’est la raison pour laquelle tant de gens d’horizons divers lui marquent un grand respect. Les traditionalistes, quant à eux, ont une lecture plus historique de la religion. Elle fait partie pour eux de l’identité de la France. Ils se battent afin que ces valeurs du passé restent encore actuelles. Ce sont aussi des personnes pour qui la hiérarchie joue un grand rôle. Tout ce qui pourrait être perçu comme une ouverture est considéré comme faisant partie des idées socialistes. Il est évident que certains d’entre-eux n’ont pas encore digéré la Révolution. Ils considèrent la laïcité comme étant un péché. Mais attention je ne voudrais pas en faire un cliché. Il est par contre certain qu’on ressent un certain mal-être. Depuis des décennies ils se sont regroupés dans une diaspora, qui aujourd’hui prend de plus en plus de poids. Le populisme de droite leur donne du vent, ce qui pourrait aboutir à une grande désillusion.

Il est loin d’être certain que les autres chrétiens les prennent vraiment au sérieux, même s’ils le prétendent. Ils rejettent l’idéologie d’un Charles Maurras qui a souligné une suprématie des traditionalistes envers toutes les autres communautés faisant partie de la nation. Dans leur démarches on les sent proche d’une forme d’État vu sous l’angle d’un Philippe Pétain. C’est assez déconcertant de constater qu’ils en sont encore là. Je ne sais pas trop ce qui a conduit François Fillon à leur faire la cour. C’est à mon avis cautionner un passé qu’on voudrait voir révolu. Mais il faut que nous nous fassions une raison. Ce mouvement est proche de l’autoritarisme que voudrait promulguer les populistes. Dans son radicalisme il ne détonne malheureusement pas. Tous ceux qui font partie de la mouvance du Pape François ont, aussi étrange que cela puisse paraître, beaucoup de peine à se faire entendre. Il est plus facile de rassembler derrière sa bannière des gens qui aspirent à une certaine dépendance. Les réponses données par ces durs et purs sont relativement primaires et donnent à tous ceux qui se réclament de ce catholicisme non-tolérant, une assise où la réflexion n’a pas de mise. Je pense que ces différences au sein d’une même religion auront du poids lors des présidentielles. C’est d’un côté un certain bourrage de crâne, de l’autre une couverture qui demande plus de jugement. .

pm

http://www.lemonde.fr/religions/article/2017/01/06/deux-courants-catholiques-se-dechirent-sur-l-identite-nationale-et-l-immigration_5058453_1653130.html

Pierre Mathias

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