D’après l’économiste Thomas Piketty, la disparité en ce qui concerne la productivité entre l’Allemagne et la France n’est pas si différente. Les deux pays se trouvent en tête du peloton mondial dans ce domaine bien précis. Cela voudrait dire qu’une coopération plus étroite entre les deux économies ne se ferait pas au dépend de la France. Je serais d’avis qu’il faut tisser de nouveaux liens afin de donner une nouvelle dynamique à l’Europe. Justement à quelques mois des élections, que ce soit ici ou au-delà du Rhin, il faudrait thématiser une telle option. Il y aurait certes une certaine différence en ce qui concerne le chômage ou l’effectivité d’un outil industriel, mais il n’y a pas d’autres solutions que de s’entendre. Je veux essayer de diffuser un message d’espoir et dire haut et fort que tout n’est pas forcément morose. Mais il ne peut y avoir réussite que si l’imagination reprenne le dessus au détriment d’une politique trop restrictive face à l’avenir. Dans bien des domaines il s’agira de se renouveler. Je pense en particulier à l’automobile, où pour des raisons de défense de l’environnement, il sera indispensable de créer de nouveaux types de véhicules. Pour l’instant les voitures à moteur électrique ne trouvent pas en Allemagne le succès escompté. Il faudra de beaucoup augmenter leur autonomie. Peut-être y aura-t-il encore d’autres solutions ? Pour y arriver des coopérations entre les chercheurs seront inévitables.Cela coûte très cher et ne pourra être réalisé que dans un tel contexte. Mais il y a aussi les PME. Elles sont souvent les parents pauvres en ce qui concerne des projets communs. Lorsqu’on sait l’importance qu’elles ont dans l’économie des deux pays, il faudrait tout faire pour les soutenir.

Certains pas ne sont pas faits car ils buttent souvent sur des problèmes linguistiques qui rendent les relations particulièrement vulnérables. Aussi l’accès à des fonds européens encourageant de telles initiatives de rapprochement, sont pour les PME malheureusement presque inaccessibles. Non pas à cause des conditions, qui pourraient être aptes à encourager de telles initiatives ; bien plus à cause de la logistique qui est à bien des points de vue lourde et peu flexible. Qui veut coopérer doit se doter de spécialistes étant aguerrit à ce genre de démarches. Les fonds nécessaires à apporter d’emblée ne sont souvent pas finançables pour des sociétés pour qui chaque Euro représente la survie. S’il y a volonté politique de trouver des solutions communes, les États devront tout faire pour alléger les procédures, les financer le cas échéant. Lorsque j’observe le contexte actuel de l’économie mondiale, je ne vois pas d’autres solutions que de prendre ce chemin. Il est dans l’intérêt des deux partenaires, que la France se relève enfin de la crise, qui l’étouffe depuis quelques années. Pour qu’il y ait plus d’égalité il faudra adapter certaines lois et faire en sorte que les conditions soient plus équilibrées. Je veux parler là des lois de travail et du social. La peur qu’un des deux pays puisse perdre ainsi son indépendance, ne me paraît pas justifiée, au contraire. Lorsqu’il s’agit d’elle, elle concerne plutôt une marge de manœuvre meilleure par rapport aux USA, à la Chine ou d’autres nations émergentes. Le tout est d’avoir le courage nécessaire.

pm

http://piketty.blog.lemonde.fr/2017/01/05/de-la-productivite-en-france-en-allemagne-et-ailleurs/

Pierre Mathias

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