D’ici trois semaines nous saurons qui sera le candidat du parti socialiste pour les élections présidentielles. Des joutes qui n’ont qu’un caractère plus ou moins superficiel étant donné qu’il faut s’attendre à ce que la gauche prenne une grande tasse. Le problème réside moins dans les compétences des uns ou des autres, que dans la définition d’un programme de gouvernement. À force de faire des compromis afin de se maintenir au pouvoir, le PS a perdu son identité. Il ne s’est pas renouvelé en ce qui concerne les prérogatives sociales et économiques. Ce serait un labeur de très grande envergure de se resituer dans un contexte actuel. Même si les valeurs de solidarités, qui ont toujours fait la force de la gauche, sont encore actuelles, ses applications dans un monde en pleine mutation ont un relent un peu vieillot. Faire du social aujourd’hui n’a aucune mesure avec ce qui s’est passé d’antan. La clientèle traditionnelle, dans malheureusement bien des cas, se laisse tenter par le populisme, qu’il soit de droite ou de gauche. Elle part encore de l’idée de l’État providentiel, qui dans toutes situations tendues, intervienne comme un grand-frère. Cette option est dépassée depuis que les caisses sont vides. Les militants sont aujourd’hui à la merci des requins, qui n’ont qu’un but, les rendre dociles. Je pense que c’est là qu’il faut voir les raisons d’un échec qui leur pendra au nez. Le phénomène que je vous décris est international. Un peu partout la gauche démocratique bat de l’aile, car son programme a lâché ses amarres, qui sont sa proximité avec les moins privilégiés. Si on veut retrouver dans quelques années un peu plus de vigueur, il s’agira de revenir à une case de départ qui représente les aspirations de la gauche, que sont la lutte contre les injustices. Je pense que cela a été négligé au cours de l’ère hollande.
Pourquoi ? Parce qu’il fallait constamment gérer une état de crise. Il faudra s’attendre que la restauration du PS prendra des années. Je ne vois pas avec le personnel actuel comment y arriver. C’est la raison pour laquelle la primaire suscite chez moi une certaine indifférence. Manuel Valls, par exemple, n’est de loin pas un leader qui a la capacité de donner une nouvelle âme à un parti qui en aurait le plus grand besoin. Ceux qui se situent plus à gauche ont eux aussi été plus ou moins complaisants avec le pouvoir, car il leur apportait des postes de responsabilité. La personne qui serait en mesure de redonner du souffle à la gauche, n’existe pour l’instant pas parmi les candidats. Et que disent les militants ? Beaucoup ont déjà fait leur deuil et se retrouvent orphelins. Ils n’ont aucune autre option que de tenter d’éviter le pire. À moins que l’attrait de la dégringolade leur semble être le seul moyen pour redonner de la force au moribond. Pour ma part j’observe avec une grande appréhension ce qui va se passer à la tête du pays. Sans une gauche puissante, tout pourrait aller à la dérive. Du pain béni pour la droite musclée. J’aimerais bien que les gens en prennent conscience et soient les artisans d’un certain équilibre. Si la France tombait dans l’extrémisme, rien ne serait réglé, au contraire. Il faudra beaucoup de patience pour restituer au PS son identité. Jusqu’en avril c’est impossible.
pm