Paolo Gentiloni, qui a été jusqu’à présent le ministre des affaires étrangères du gouvernement Renzi, a été nommé à sa succession à la tête du gouvernement. Le président de la république, Sergio Mattarella, a refusé de donner son feu vert à la dissolution du parlement et du sénat afin d’organiser de nouvelles élections. La raison de cette décision : la crise bancaire qui touche les plus grands instituts financiers de la péninsule. Jusqu’à présent il n’a pas été possible de faire redémarrer l’économie. Bien que Matteo Renzi ait mis en marche des réformes, les structures du pays sont encore assez vétustes. L’administration est trop lourde, les décisions nécessaires prennent de ce fait trop de temps pour être réalisées. Une chose est sûre pour l’UE, une Italie en veilleuse peut déstabiliser d’une manière bien plus dramatique tout le continent. Nous n’avons pas à faire à la Grèce, qui a une infrastructure industrielle proche du néant. Il en va ici d’une économie les plus créatrices de l’Europe. Mais elle ne peut pas vivre sans de constants investissements. Le génie italien, que ce soit dans la mode ou ailleurs, est une source d’inspiration. Vouloir maintenir à petite flamme un tel outil peut l’étouffer. Le rôle des banques est essentiel, si le pays ne veut pas sombrer dans une politique monétaire d’austérité. Paolo Gentiloni devra tout tenter pour redonner confiance aux marchés internationaux. Il devra tout d’abord rassurer les financiers en leur garantissant une continuité. Cela aurait dû être la priorité de Matteo Renzi au lieu de vouloir changer un système politique profondément incrusté dans la tradition nationale.
Le premier pas de Sergio Mattarella a été de neutraliser, tout au moins pour un certain temps, les adeptes du mouvement populiste des Cinq étoiles et les têtes brûlées de la Lega Nord. Dans un cas de prise de pouvoir, ce qui dans les conditions actuelles n’est pas impossible, la déchéance économique était programmée. Les méthodes économiques proposées par ces formations sont le moins qu’on puisse dire folkloriques. Mais le danger est loin d’être écarté. Paolo Gentiloni devra agir le plus rapidement possible afin de sauver le secteur bancaire. Pour ce faire il devra ménager le deuxième marché, celui de l’illégalité et des combines. L’économie italienne a toujours eu recours au travail au noir afin que le pays ne s’effondre pas. Sur le papier la nation aurait déjà dû faire depuis longtemps banqueroute, mais elle s’est toujours sauvée en spoliant l’État, qu’elle a affaibli, mais il n’y avait souvent pas d’autres alternatives. Prendre des décisions drastiques, comme la Commission Européenne le souhaiterait, pourrait étouffer la poule aux œufs d’or. La conséquence : un État faible qui a de la peine à se maintenir à flot. Personne ne pourra exiger plus de sacrifices financiers. Bien des ménages vivent à deux pas de la précarité et arrivent malgré tout à s’en sortir en travaillant pour le second marché. Le rôle du nouveau premier sera de mettre sur les rails de nouvelles réformes, mais sans brusquer le peuple. Cela ne pourra se passer qu’à des doses thérapeutiques. Mais rien ne pourra se faire si les banques faisaient banqueroute.
pm