François Fillon à quelque chose en commun avec Marine Le Pen et Donald Trump : ils sont tous les trois des adeptes de Vladimir Poutine. Ils voudraient rendre à son régime les lettres de noblesse que lui a retiré l’Occident depuis l’annexion de la Crimée. Il est à craindre qu’un nouveau président de la République, s’il est de droite, soit aussi aveugle en ce qui concerne la Syrie et se laisse tenter de donner carte en blanche aux Russes. Cela voudrait dire tout simplement accepter des faits accomplis. Et ceci est une porte ouverte à toutes formes d’injustices. Je suis le premier à souhaiter une entente avec notre grand voisin, mais pas à n’importe quel prix. Si nous voulons combattre efficacement le terrorisme international, nous ne pouvons pas accepter le terrorisme d’un État. Toute ingérence dans les affaires d’un pays tiers est à mes yeux une violation des pratiques d’impartialité en ce qui concerne les affaires étrangères. Le respect est la règle absolue. Mais la Realpolitik suit d’autres méandres. Elle interprète les faits au travers de lunettes plus ou moins nationalistes. Seul l’intérêt de la nation compte et ceci au détriment des autres. Nous voilà au centre même de mes réflexions. Je pense que le populisme rend aveugle de tels dirigeants. Ils n’arrivent qu’à interpréter l’immédiat et sont dans l’incapacité de prévoir un avenir lointain. Ils sont à un tel point focalisés sur leur aura momentanée, qu’ils croient que seule l’épreuve de force puisse faire évoluer les choses. C’est le profil de Vladimir Poutine. Son attitude musclée recueille dans son pays une forte approbation. C’est à ce niveau compréhensible qu’il se conduise de la sorte, bien que cela soit condamnable.

Mais j’ai de la peine à comprendre qu’un François Fillon, comme bon chrétien, entre dans un tel jeu. Il a certes des liens amicaux avec le maître du Kremlin, mais cela ne devrait pas l’empêcher de défendre en premier lieu les principes moraux de la France, où la charte des droits de l’homme a été rédigée. Du point de vue humain, l’attitude des troupes russes en Syrie est inacceptable. Il est étrange que des personnes qui exigent une attitude irréprochable, soient inconséquentes à ce point. Croient-elles vraiment que Vladimir Poutine est l’incarnation du chef, qui décide de tout pour le bien de tous ? Qu’il est le sauveur de notre civilisation chrétienne ? Si on entrait dans une telle logique, notre avenir serait plus que compromis. Je pense qu’il est toujours mauvais en politique comme d’ailleurs dans un couple de se soumettre corps et âmes. Les populistes n’ont aucuns scrupules à le faire. Il est vrai qu’ils lui sont redevables de beaucoup. Le FN par exemple à un soutien effectif de Moscou dans ses affaires pécuniaires. Un Donald Trump a apprécié les coups de pouce russes lors de la campagne électorale. Mais au nom de quoi François Fillon se mettrait à genoux ? Je ne pense pas que c’est un bon service amical de tout accepter sans broncher. Du point de vue diplomatique ce n’est pas la bonne méthode pour rester libre de ses décisions. Je suis tout à fait d’accord que trop de rigidité nuit à la bonne entente, mais entre cela et de presque tout cautionner il y a une marge de manœuvre que tout dirigeant doit exploiter. À bon entendeur !

pm

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2016/11/21/le-front-national-face-a-l-inconnue-fillon_5035021_4854003.html

Pierre Mathias

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