Avec une certaine appréhension j’attends le 8 novembre, le jour des élections présidentielles américaines. Ce scrutin sera décisif non seulement pour les USA mais aussi pour nous les européens. Nous nous trouverons à la croisée de chemins entre deux formes de sociétés : l’une démocratique et libérale, l’autre populiste et autoritaire. Ne nous faisons pas d’illusions. Si Donald Trump remportait la mise, nous aurions des lendemains douloureux. Ce serait de l’eau apportée au moulin du FN, de Vladimir Poutine ou de l’AfD en Allemagne. Il serait difficile alors d’arrêter l’hémorragie de l’esprit de tolérance et de solidarité,. Nous entrerions dans l’irrationnel où seul l’exclusion aurait droit d’être. Un profond fossé entre deux conceptions diamétralement opposées, déchirerait la société. Un point de non retour pour bien des citoyens, qui seraient discriminés car ils n’appartiennent pas « au bon bord ». Tous cela découlerait d’un vote en faveur de l’obscurantisme. D’après les sondages actuels aux États-Unis cela ne devrait pas arriver. Mais la crainte que bien des gens soient tentés par le tout ou rien, ne peut être ignorée. Ce phénomène inquiétant découle d’un mal-être qui touche une partie de la société. De plus en plus de personnes issues des classes moyennes, craignent pour leur avenir. La haute finance, dont Hillary Clinton est proche, ne leur fait pas de cadeaux et pousse un nombre non négligeable d’entre-eux dans la précarité. Des être sensibles à des diatribes incendiaires, qui représentent un danger certain. L’histoire a démontré d’une manière flagrante, que tous ceux qui se remettaient corps et âme à des apprentis-sorciers, comme l’est le candidat républicain, seraient finalement les victimes de promesses non tenues. Au lieu d’améliorer leur ordinaire, il y aurait une détérioration continue de leur statut. Faire comprendre cela à des personnes meurtries n’est pas simple.

Hillary Clinton aura de la peine à effacer son image de privilégiée. Tout ce qu’elle dit dans le domaine du social, même si c’est sincère, ne calmera pas les esprits. La haine d’une certaine forme de société a pris de telles dimensions, qu’il est difficile de prévoir l’avenir. Ne nous faisons pas d’illusion, si Monsieur Trump avait été plus modéré dans sa manière d’être, il aurait aujourd’hui bien plus de chances d’être plébiscité. C’est une réalité qu’il ne faut pas oublier. Si on faisait une projection sur la France, il est évident que Marine Le Pen, qui est très habile, serait pour beaucoup une alternative. Il est à craindre qu’elle le soit, car ses idées ne sont pas si éloignées de celles du magnat de l’immobilier new-yorkais. Soit un violent retour en arrière qui ne projette en aucune manière la réalité. La leçon a tirer des présidentielles américaines sera de constater que plus rien ne sera comme avant. Si, comme je le souhaite de tout mon cœur, Madame Clinton remporte le challenge, elle sera forcée de tenir compte de l’électorat déçu issu du populisme. Elle devrait être consciente que c’est une dernière chance de ramener les brebis égarées au bercail. Mais pour cela il faut mettre en place un programme d’urgence, sans pour autant entrer dans la démagogie. Un exercice d’équilibre à sa mesure. Le 8 novembre décidera de l’avenir de nos enfants.

pm

http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/10/21/presidentielle-americaine-j-18-le-dernier-repas-de-donald-trump-et-hillary-clinton_5017717_829254.html

Pierre Mathias

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