Faut-il réinventer à chaque fois l’UE ? Le sommet de Bratislava démontre qu’il s’agit avant tout de réajuster les acquis, de les remettre sur les rails après le Brexit. Mais une chose est claire, obliger 27 membres à se mettre d’accord est presque impossible et ceci avec la meilleure volonté du monde. On ne reviendra pas en arrière ! Mais s’il devait avoir un jour un échec cuisant de toute la construction européenne, ce serait là qu’il faudrait en trouver une des causes. Néanmoins les chefs d’États ont essayé de trouver une porte de sortie en évoquant leur volonté de rendre l’union plus attractive pour les citoyens que nous sommes. Ils ont tout d’abord évoqué les points où un accord était plus ou moins possible. Le domaine de la défense commune ne devrait pas causer de grandes difficultés, même si on est loin d’une armée communautaire. Ils ont mis en parenthèse le problème épineux de l’immigration et n’ont qu’esquissé des idées vagues en ce qui concerne l’économie. Le social n’était pas à l’ordre du jour, ni la démocratisation des institutions. C’est là qu’il faudrait absolument marquer des points afin de rendre l’UE plus populaire. Mais on est loin. Malgré tout le ton était à l’optimisme. Une fois de plus la méthode Coué était d’actualité. Entre nous il n’y a pas de quoi pavoiser, au contraire. Tant que les questions fondamentales ne seront pas à l’ordre du jour, nous resterons plus ou moins en panne. Au grand déplaisir de Matteo Renzi, le premier ministre italien, Angela Merkel et François Hollande tentent de donner au couple franco-allemand plus d’importance en ce qui concerne l’avenir européen. Il voudrait aussi faire partie des grands de l’UE, mais n’a pas été invité à la conférence de presse commune donnée par la Chancelière et le Président. Même si cela semble dérisoire en rapport aux problèmes que nous connaissons, ce mouvement d’humeur est symptomatique pour l’ambiance qui règne actuellement.

Beaucoup de nations craignent ne pas avoir droit au chapitre. Il est vrai que les intérêts particuliers sont très complexes et ne peuvent souvent pas s’harmoniser. En particulier pour l’économie qui d’un endroit à l’autre de l’Europe est bien différente. Il serait indispensable de créer plus de rendement, d’encourager la relance afin de rendre plus attrayante l’UE. C’est là aussi que le bât blesse. Comment harmoniser les prestations sociales dans un tel contexte ? Comment promouvoir plus de justice fiscale tant que la marche de croisière de certains pays est bien moindre que dans les autres ? Je ne vois pas, tout au moins dans le contexte actuel, les riches sacrifier une part de leurs revenus à des peuples connaissant de grandes difficultés. Le cas de la Grèce, de l’Espagne ou du Portugal démontre bien les limites de la solidarité. Mais ne nous faisons pas d’illusions. Tant que nous réussirons pas dans une action commune de réduire le chômage des jeunes, l’attractivité de l’UE sera plus que limitée. Sans une gérance efficace de la crise, il ne pourra pas y avoir un élan populaire en sa faveur. C’est cela la vérité, qu’on le veuille ou pas. Il nous faut du concret, pas des déclarations de bonne volonté ne s’étayant pas sur des faits. Tant qu’il n’y aura pas du réel, l’avenir de l’Europe sera bien fragile.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/09/16/a-bratislava-les-europeens-veulent-offrir-la-vision-d-une-union-attrayante_4999128_3214.html

Pierre Mathias

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