Martine Aubry a raison, la gauche a tout d’abord besoin d’un programme avant qu’elle se ne prononce pour quelques candidats que ce soit. En cette fin de mandat, le Président n’a pas encore annoncé s’il avait l’intention de se représenter ou non. Les sondages le gratifient d’un score qui pourrait être comparé à un Waterloo. Aucun candidat venant du camp socialiste serait en mesure pour l’instant de faire mieux. Mais il est un fait objectif : la gauche ne peut pas abdiquer avant les élections. Même si ses chances sont les plus tenues, force sera d’affronter le verdict des urnes. Toute la question qui se pose actuellement´est de savoir comment procéder afin de na pas sombrer complètement dans le vide. Martine Aubry a cherché à rassurer, à montrer sa détermination de mener la lutte jusqu’au bout. Elle a bien fait, tout en sachant qu’il y avait une raison plus qu’évidente de déprimer. Une période où en Europe le regain de l’extrême-droite semble prendre de plus en plus d’importance, les forces de gauche, celles qui existent encore, ne peuvent pas baisser les bras sans réagir. Il s’agit de se reprendre ! Il est vrai que le fatalisme ambiant n’arrange pas les choses. C’est moins les populistes qui m’inquiètent que la passivité des citoyens ne voulant pas voter FN ou autre. Au lieu d’apporter des arguments démontrant le leurre de telles démarches totalitaires, on s’enferme dans un mutisme de mauvais aloi. Ce n’est pas la première fois que le socialisme semble être à l’agonie. Je me souviens encore bien du résultat épouvantable de ce parti, lorsque Gaston Defferre s’était présenté en 1969 pour le poste suprême. Il a recueilli à peine 5% des voix. On sait ce que par le suite il est advenu de la gauche. Avec François Mitterrand elle a a pu se remettre complètement. La preuve qu’il ne faut jamais tout abandonner.
Mais pour ne pas sombrer complètement, il faut qu’elle se dote d’un nouveau programme. C’est là que résident les difficultés. Le pragmatisme que le socialisme doit afficher, ne lui convient pas. Le flirt continuel avec une droite modérée lui fait perdre sa crédibilité.. Elle doit avoir le courage de tenir à nouveau un langage de gauche, mais sans renouveler certaines de ses options, elle ne pourra pas subsister à l’avenir. Mais y a-t-il des options qui pourraient encore séduire tous ceux qui se laissent tenter par le discours musclé du FN ? J’en doute. Bien des électeurs ont été trop déçus par la tiédeur du programme de François Hollande. Le centrisme qu’il affiche ne plaît pas visiblement à tous ceux qui ne cherchent que leur avantage. Ils se rendent compte actuellement que l’État est à bout de souffle, que les cadeaux qui devraient être distribués, n’existent pas. Lorsqu’une vache à lait ne rend plus ce qu’elle doit, il est impossible de faire du beurre. C’est une évidence qui va à contre-courant de ce que le peuple attend de la gauche. Comment pourrait-elle regrouper ses anciens soutiens, sans pour autant promettre le Pérou ? Elle ne peut pas le faire et c’est justement cela qu’il l’affaiblit autant. La réinventer d’ici 2017 est une utopie. Il faudra qu’elle accepte d’aller au casse-pipe, mais cela devrait se faire la tête haute. C’est tout au moins ce que j’espère.
pm